Actualités / Cadre de vie - mercredi 05 février 2014 - (6 images)

Les Puces du Canal: le rendez-vous de la chine

UN TABOURET scandinave sous le bras, Chloé jette un dernier coup d’oeil aux stands de l’Annexe. Elle hésite un peu devant une lettre lumineuse, mais y renonce finalement, refroidit par un prix trop élevé. Il n’est que 9h30 mais la jeune fille a déjà fait le tour des lieux, en long, en large et en travers. Selon cette habituée de 26 ans, le meilleur moment pour se rendre aux Puces, c’est à l’ouverture, dès 7 heures, malgré la difficulté pour trouver un bus l’acheminant jusqu’au grand déballage. Pour elle, c’est un rituel. Sa petite torche à la main, Chloé aime fureter à même les camions avant qu’ils ne soient déchargés, dans le but de dénicher la perle rare. “Avec mes amis, nous recherchons surtout des vieux vinyles introuvables et du mobilier design à petit prix. Mais nous nous intéressons aussi à tout ce qui titille notre curiosité, fripes, objets d’art ou gadgets. Une fois notre petit tour fait, on prend le temps d’apprécier une bonne barquette de frites et une bière fraîche en guise de casse-croûte, avant de regagner le centre de Lyon”, avoue-t-elle.

Un petit vent de renouveau

Ce dimanche matin, Chloé n’est pas la seule à avoir fait le déplacement. Comme elle, ils sont quelques milliers. A la grille, une bande de zazous fait son entrée, non sans panache. Chapeaux melons et bottes de cuir, toques en vison et cannes à pommeau. “Les puces ? C’est notre plus grand pourvoyeur d’accessoires”, assure le chef de cette brigade du tigre.

Depuis 1995, les Puces du Canal sont devenues le rendez-vous des amateurs de bonnes affaires et des collectionneurs. Chaque année, 500 000 visiteurs s’y pressent, à la recherche d’un trophée de chasse, d’une commode Empire ou simplement d’un voyage gratuit dans le temps. Et ces bons résultats devraient progresser encore. Le nouveau propriétaire des lieux, Jacques Chalvin, qui en a pris les rênes au printemps, promet de secouer les Puces. Depuis cet automne, un village de containers trône au beau milieu de la dizaine d’hectares de marché. Un petit vent de renouveau pour l’institution qui vient de fêter sa majorité. Les produits exposés dans cette nouvelle surface se veulent tendances, branchés et vintage, afin d’attirer un public plus jeune.

Son mini bunker de métal, Damien en a fait un cabinet de curiosités. Il y commercialise depuis octobre, boules à facettes, têtes de rhinocéros et vieilles enseignes. Les affaires se portent bien pour le jeune homme de 27 ans qui dit combattre avec ses trouvailles “la société de consommation, l’uniformisation des intérieurs et le tout-Ikea”. Il y a quelques mois encore, il était fleuriste, mais l’ouverture du village des containers lui a fait sauter le pas. Dans “le plus grand grenier de Lyon”, les stands bigarrés se suivent sans se ressembler. Dans la plupart tout de même, fini le bric et le broc. Les produits présentés sont choisis avec soin et cohérence pour créer un univers bien particulier, le plus souvent industriel ou anecdotique. Les prix s’en font ressentir. Ici, une chaise en métal à 200 euros, là, un petit miroir en bambou à 120 euros.

Une seule règle : marchander

Pour les très bonnes affaires, c’est du côté du grand déballage temporaire qu’il faut fouiller. Là où les aléas météorologiques font la pluie et le beau temps sur les prix et où marchander est une règle. A 11 heures, il se met à tomber quelques gouttes. Résultat : on brade à tout va. S’il peut être pénible d’être ainsi tributaire du parapluie, la plupart des puciers ambulants le sont par choix. “On préfère jouer les romanos et être au grand air”, plaisante le débonnaire Raymond, 73 ans, brocanteur depuis cinq décennies. Il assure avoir vu les Puces se transformer d’année en année. “Nous avons plus de visiteurs mais pas forcement plus d’acheteurs”, estime le professionnel. Avec le temps, beaucoup de ses clients sont devenus des intimes. “Combien pour ce rond de serviette argenté ?”, lui demande une cliente. “Je te l’offre volontiers !”, lui rétorque-t-il en remballant quelques bibelots fragiles.

Pour beaucoup, c’est l’heure de la pause déjeuner. L’Expo bar, le Broc café, la Chine et le Canalleto, les bistrots des Puces, se remplissent peu à peu de vendeurs et d’acheteurs réguliers. On y parle fort, de tout et de rien mais surtout de chine. Certains se plaignent de n’avoir trouvé “que des daubes”, d’autres sont heureux de “quelques pépites”. Au coeur de la Halle Louis la Brocante, les allées ne désemplissent pourtant pas, alimentées par le flot constant de badauds qui arrivent. 

Le spectacle hebdomadaire

Au détour d’une échoppe, Jocelyne s’étonne : “Je n’avais jamais remarqué qu’il y avait autant d’endroit où manger.” De nouveaux snacks ont en effet ouvert dernièrement. Moins traditionnels, ils proposent hot-dogs ou burgers. André ne prendra pas “de sandwichs américains” à midi. Pour lui, le casse-croûte, c’est à la Chine ou rien. Le quinquagénaire arpente les allées du hangar depuis plusieurs années. “Je n’achète pas toujours, mais il est difficile de résister”, explique celui qui recherche peintures et gravures anciennes. Ce dimanche, il repartira bredouille. “La semaine dernière, j’en ai pris deux, alors cela fait une bonne moyenne.” Julie et ses trois enfants n’ont pas trouvé eux non plus leur bonheur. Cela ne les empêchera pas de revenir la semaine prochaine. “C’est notre sortie hebdomadaire. Nous ne la manquons jamais”, lance la mère de famille. Avec tous les changements qui s’opèrent depuis quelques mois, on pourrait craindre que le lieu perde son âme. C’est sans risque. Tant que les vieux exposants et les coutumiers fréquenteront les Puces du Canal, le spectacle sera assuré.

Maxence Knepper

Photos © Marion Parent

Pratique : les Puces du Canal, rue du Canal, à Villeurbanne. Tél. 04 72 04 65 65.  www.pucesducanal.com

 

Nos trois stands préférés :

PAS FACILE de s’y retrouver dans ce haut lieu de la chine. Pour être sûr de ne pas passer à côté de la bonne affaire, voici nos trois stands fétiches.

- Little Broc – Brocante récréative : l’univers de Little Broc, c’est celui des vielles classes des années 1950 ou 1960, avec carte Vidal, bons points, pupitres et odeur de craie. Tout n’est pas forcement bon marché, mais cela reste un vrai plaisir pour les plus nostalgiques. Annnexe, stand Uzès.

- Chez Louise : linge de maison, dentelles, bibis et falbalas, comme dans l’armoire de mémé. On s’arrête dans ce stand pour la profusion de belles fripes à découvrir, mais aussi et surtout pour Louise, la patronne et doyenne des Puces, 86 printemps, à qui on donne facilement 20 ans de moins. Hangar, allée E.

- Stand 42-44 : le paradis de la bricole hétéroclite. Chez Jean Belin, on trouve tout et n’importe quoi, et à profusion. Un seul mot d’ordre, les petits prix. “Et les petites tailles, souligne le propriétaire. Nous ne faisons pas les meubles, que les bibelots.Halle Louis la Brocante, stand 42-44.

8553 vues

Commentaires

  • evrard marie, le 09/02/2014
    bonjour ,
    je suis marchande à l'extérieure spécialiste de la carte d'école je propose environ 400 modèles différents (je suis spécialiste) professionnel 'déclarée) ,je ne travaille pas à la sauvette quand il ^pleut je m'abrite et en aucun cas ne brade ma marchandise pour des raisons de météo .... chez moi les prix sont justes et abordable et il n'est pas forcément recommander de marchander les prix étant calculé au plus juste pour une marchandise sélectionnée les prix sont les mêmes d'un dimanche à l'autre b;à l'extérieur nous sommes pour la majorité des vendeurs pro au même titre que les gens des taules des bâtiments de l'école et des conténaires simplement nous sommes des gens qui aimons travailler d'une manière traditionnelle à l'extérieur votre article nous fait une réelle contre publicité et par les temps qui courent nous n'avons pas besoin de ça ....que dire de plus démentit en ce sens ne pourrait que redorée notre image qui réellement a été ternie par votre article merci de m'avoir lu

    Maf EVRARD bROCANTE LA gRANDE oURsE place 313 puces du canal

Vaulx-en-Velin > Journal > Actualités > Cadre de vie > Les Puces du Canal: le rendez-vous de la chine