Actualités / Cadre de vie - mercredi 18 février 2015

Un château qui a traversé les siècles

IL en va de la Seigneurie de “Vaux-en-Velleyn” comme de son château : on ne sait pas exactement à quand ils remontent. une chose est sûre, la vieille bâtisse du village aux allures de château de la Belle au bois dormant ne date pas d’hier. on en trouve mention dès 1337, lorsque “le Dauphin Humbert II venant de Lyon, passe la nuit au Château de Vaulx-en-Velin”. une venue restée dans les annales, d’un notable qui n’a pourtant pas l’image d’un prince charmant. Sévèrement jugé par ses contemporains comme un incapable et un dépensier, Humbert II est le dernier dauphin de viennois. il demeure tout de même pour l’Histoire, le créateur du Conseil delphinal en 1337 et de la première université de Grenoble en 1339. C’est aussi à lui que revient l’achat de “la Bastie de Vaux” à jean de Montuel en 1334, la faisant entrer dans le giron du Dauphiné, rattaché à la France quelques années plus tard. a l’époque, Villeurbanne dépend de la seigneurie de Vaulx.

En 1444, les terres du Velin deviennent possession d’un espagnol, lorsque le futur Louis Xi les offre à son écuyer Sancho de Serate. Quelques années plus tard, toujours sur décision royale, Vaulx-en-Velin devient propriété du Sieur de Saint-Priest, “avec toutes les rentes, péages, étangs, forêts, domaines, héritages, fiefs, arrière-fiefs, justice, profits et autres droits en dépendants”. Puis celle du Comte de Chalon, Chambellan de Charles VIII.

 

Monsieur le Marquis de Vaulx-en-Velin

Souvent vendu au plus offrant au cours de son histoire, le domaine est cédé à Jean Joachim de Passano en 1522, au prix de 3500 livres. Cet enfant de Gênes est considéré comme l’un des pères de la diplomatie. il est ambassadeur de François Ier en Angleterre, à Venise, Parme, Naples et Constantinople et a œuvré à la libération du roi lorsque celui-ci est fait prisonnier à Pavie, en 1525. une vraie célébrité à l’époque.
Par lettre patente de Charles IX (1564), la seigneurie est érigée en Marquisat. Antoine de Passano, le fils de Jean Joachim, devient donc Monsieur le Marquis de Vaulx-en-Velin. Cette distinction n’inaugure pourtant pas des heures heureuses. S’ouvre pour la commune une période des plus noires. en 1562, en pleine guerre des religions, l’église qui jouxte le château est saccagée par les troupes huguenotes du Baron des adrets, l’un des chefs de guerre des troupes protestantes, dont la cruauté est légendaire. Quelques années plus tard, en 1628, la peste, sûrement apporté par des soldats revenant de Milan, frappe le village. Quant au château, il fait bien grise mise en cette deuxième partie du XVIe siècle. Les rouages du temps ont fait leur œuvre et la bâtisse est en ruine, ce qui paraît inacceptable au pouvoir royal qui décide, au grand damne d’Antoine de Passano, de trou- ver un autre acquéreur. elle est recons- truite à partir de 1580, par Etienne de Mucio, nouveau propriétaire des lieux. Ce maître d’hôtel de la Maison du roi est chargé de “faire bâtir au coin de la cour dudit château, une tour carrée pour y tenir les prisons et greniers à grains”. Joignant l’utile à l’agréable, Etienne de Mucio fait du château delphinal un château d’agrément, avec son étage noble et ses portes à claveaux. Sur l’une d’elles, ont aperçoit encore un blason gravé dans la pierre.

 

Du château seigneurial à la Maison commune

Chollier, Champier, Roby, Rachais, Corbeau de Vaulserre... les propriétaires se succèdent jusqu’en 1822, date à laquelle l’ensemble est divisée en cinq lots. en 1839, un courrier de la sous-préfecture de Vienne, dont dépend alors Vaulx-en-Velin, rappelle l’obligation pour la commune de se pourvoir d’une école si elle veut bénéficier d’une aide financière du gouvernement. Le 17 novembre 1839, le maire propose au conseil municipal d’ache- ter le château afin de s’en servir comme mairie, écoles de garçons, de filles et de presbytère. un siècle plus tard, le château montre de gros signes de faiblesse. une partie du plafond s’effondre et les murs se lézardent. Mais l’école Grandclément vient d’être inauguré en 1933. La mairie et les classes sont transférées dans les nouveaux bâtiment de la place Boissier. Quinze ans plus tard, la ville décide de le vendre au docteur Ladret et s’en explique dans le bulletin municipal : depuis le déménagement du Monument aux Morts à l’entrée du village, il n’y aurait plus guère de motifs à conserver la bâtie séculaire. “La remise en état du bâti- ment coûterait plusieurs millions pour n’avoir, tout compte fait, qu’une vieille bâtisse dont l’entretien courant absorberait le revenu”, peut-on lire en 1947. Depuis, le vieux château semble endormi. Mais la livraison du nouveau parc au printemps, et l’intérêt que lui porte la ville devraient l’aider à sortir de sa torpeur.

Maxence Knepper

 

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