Actualités / Cultures - mardi 06 novembre 2012

La voix des mots,éloge au mélange des genres

DOUCES, cinglantes, remuantes, protestantes… les voies des mots sont multiples. Il n’est qu’à survoler la programmation de la nouvelle édition du rendez-vous vaudais, qui a réussi au fil des ans à se tailler un caractère bien trempé. En défrichant et mêlant les disciplines, les genres et les influences. Tout en ouvrant avec une valeur sûre, un des joyaux de la pop à la française, celle qui préfère biberonner du côté de Shakespeare que de Molière. Dominique A n’a plus un poil sur le caillou mais conserve une plume en or. Légère, poétique, et lourde de sens. Sur sa musique parfois rock et tendue, l’on nage, heureux comme en pays ami. De ceux où l’on se reconnaît dans les abymes et les sommets lors de ses prestations scéniques. Electriques et épileptiques… Salué par la critique pour son dernier opus, Vers les lueurs, il a convié Liz Bastard, moitié de Del Cielo, à jouer en première partie.
 Pour une poésie acide et troublante, portée par une voix de femmeenfant sensuelle. Comme à son habitude, La voix des mots n’oublie pas son ancrage dans l’agglomération lyonnaise. Et tend le micro à des artistes du cru comme Charly Chanteur. Le zigomar prétendant alterner ballades spleenétiques
et poèmes-poubelles. Entre concert et théâtre, une performance “d’un vrai faux chanteur s’étant inventé un double”. Avec la double affiche Happy Church et Claire Diterzi, on ne quitte pas les chemins parallèles, et baroques. Ceux de ‘’l’église’’ heureuse et déviante des premiers, Happy Church, où résonnent des chansons pop irrévérencieuses dissonantes et psychédéliques. Quant à Claire Diterzi qui leur succède sur scène, elle est accompagnée d’une viole de gambe, et chante les drôleries et mélancolies de l’amour et de l’exil. Après un « Rosa la Rouge » qui a fait couler beaucoup d’encre, cette ancienne résidente de la Villa Médicis s’est intéressée au Salon des refusés, qui en 1863, rassembla les artistes refusés par le jury officiel du salon de peinture et sculpture.
Les voix de la marge donc, comme souvent en chansons, se poursuivent en doux voyage au pays de Mazalda. Parlons d’Ogni, objet groovant non identifié. Une musique de danse, de transe, entre raï, prog rock et même math rock. Indigeste ? Non, doux comme un loukoum… En première partie, voici Karimouche, que les mélanges attirent comme le miel les abeilles. C’est du côté du bitume qu’elle butine, en mêlant rap et chanson, gouaille et banlieue.
Pour clore le festival, David Lafore va rejoindre Fantazio. Le premier pose des mots incisifs et pataphysiciens sur un rock basique tout en n’étant pas simpliste. Quand au second, Fantazio, ce contrebassiste, génie du live, chante dans cinquante langues, crie, joue les crooners, tape sur son instrument comme s’il s’agissait d’une caisse claire. Foutraque, proche du one-man-show. Nous parlerons de litanie punk. Ce festival propose aussi une exposition.
L’équipe de Chaplin a donné carte blanche à Francis le gaucher pour qu’il illustre en dessins La voix des mots. Pastichant de manière drôle et décapante des titres de la presse grand public, il nous apprend que “la fin est proche mais c’est pas grave”. Alors embarquons…
 

Stéphane Legras

 Centre culturel Charlie-Chaplin (place de la Nation).
Tél : 04 72 04 81 18/19.
www.centrecharliechaplin.com

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