Actualités / Cultures - lundi 18 novembre 2013

Raymond Gurême, témoin de l’internement des nomades

Dans le cadre d’une soirée Amphitéma autour du film “Des Français sans histoire”, de Raphaël Pillosio, Raymond Gurême a parlé de l’internement des familles nomades, de 1940 à 1946 sur le sol français. Une page peu connue des années d’occupation qu’il a retracé dans un livre intitulé “Interdit aux nomades”. Lui et sa famille ont été victimes des persécutions de Vichy à l’égard des Tsiganes. Malgré leur carte de forains, ces manouches qui possédaient un cirque et un cinéma ambulant ont été arrêtés en 1940. Raymond, le jeune clown et acrobate, ses parents et ses huit frères et sœurs ont été enfermés à Darnétal, près de Rouen avant d’être transférés à Linas Montlhéry, dans l’Essonne. Des milliers de Tsiganes ont ainsi été parqués dans des camps, sous la surveillance de la police et des gendarmes français. Par deux fois, Raymond Gurême s’est échappé. “Le deuxième coup, je me suis évadé du mitard, se souvient-il. J’ai arraché mes menottes et la peau des mains avec. A deux pas du camp, j’ai passé la nuit dans un arbre. Les humains m’ont interné, l’arbre m’a sauvé”. A 18 ans, il a rejoint la Résistance. Après guerre, il a retrouvé les siens en Belgique. Mais la famille Leroux-Gurême n’a jamais pu reformer son cirque et retrouver la vie d’avant : “Quand nous sommes revenus en France, on a travaillé comme saisonniers”. A 88 ans, Raymond garde en mémoire ses belles années d’enfance, sa carrière brutalement interrompue et la souffrance infligée aux nomades. Il vit tout près de l’ancien camp de Linas-Montlhéry, à Saint-Germain-lès-Arpajon. Il témoigne, auprès de la jeunesse notamment, des persécutions passées et des discriminations actuelles à l’égard des gens du voyage et des Roms, les nouveaux boucs émissaires.

Photo © Marion Parent