Actualités / Cultures - mardi 16 avril 2013

Villes et mémoires : résister est toujours d’actualité !

DEVANT la longue liste de ces dates de commémoration qui seront célébrées à Vaulx-en-Velin, on a d’abord envie de redire : “Plus jamais cela…”. Plus jamais de camps d’extermination, plus jamais le nazisme ni le négationnisme, plus jamais l’esclavage et le racisme… Mais pour dire : “plus jamais cela”, il faut comprendre les mécanismes et les processus politiques qui ont contribué à stopper la machine infernale mise en place avec le nazisme. En France, ce grain de sable dans l’engrenage nazi s’appelle CNR, autrement dit le Conseil national de la Résistance, composé de l’ensemble des organisations de résistance, des centrales syndicales et des partis politiques de droite et de gauche, du gaullisme au communisme…
Rappelons les faits historiques : en pleine guerre, le CNR que préside Jean Moulin – il sera arrêté quelques mois plus tard à Caluire par la Gestapo – publie un programme, qui sera effectivement appliqué après la guerre dans ses grandes lignes. Il mérite plus que jamais d’être connu, aujourd’hui encore : 70 ans après son élaboration, il se révèle d’une troublante actualité sur la sécurité sociale, les retraites, le droit à la culture pour tous, la liberté de la presse....
C’est ce que rappellent à dessein les militants vaudais de l’Anacr (Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance) qui se muent en passeurs de mémoire pour les jeunes générations. Pour ce faire, ils organisent une série de projections liés au CNR et à la Résistance sur toute l’agglomération lyonnaise, en lien avec les cinémas indépendants du Grac (Groupement régional d’actions cinématographiques).

Bertrand Tavernier à Vaulx

La manifestation brillera à Vaulx-en-Velin d’un éclat particulier, puisque le film “Laissez passer“ de Bertrand Tavernier sera programmé aux Amphis, en présence du réalisateur d’origine lyonnaise, le samedi 25 mai. La discussion sera suivie d’un débat.
Deux jours plus tard, la Ville inaugurera la place du 27-Mai-1943, dans le centre-ville. Une façon de plus pour la Ville d’établir le lien entre le passé et l’actualité et consolider ainsi les solidarités entre les générations. Nassredine Hassani, élu à la Culture, le souligne en ces termes : “Résister se conjugue au présent, disait Lucie Aubrac. La Ville s’engage pour que vive l’esprit du programme du CNR. Non seulement pour rendre hommage aux résistants, mais aussi pour faire vivre ensemble, conjuguer au présent les mémoires collectives des uns et des autres. Le programme du CNR a été une source d’inspiration pour les hommes et les femmes des pays colonisés, il faut le rappeler”.
D’ici là, les premières manifestations de “Une Ville, des mémoires“ se sont mises en place. Après l’exposition de dessins et poèmes
d’enfants du camp de Terezin (voir Vaulx-en-Velin journal n°70) au conservatoire de musique, une exposition de peintures aura lieu de façon éphémère devant les locaux du Monde Réel : une exposition itinérante, intitulée “René Baumer, Jean Moulin et des artistes allemands antinazis internés en France sous l’occupation“.
La musique aussi est au rendez-vous : le conservatoire de musique et danse programme un opéra pour enfants, Brundibar. Cet opéra est une reprise de celui qui fut joué par des enfants internés du camp de Terezin. “Brundibàr avait été monté et présenté plus d’une cinquantaine de fois dans le camp de concentration de Terezin, en 1942”, soulignait Georges Piris, lors de la préparation à l’automne dernier du projet artistique par le conservatoire. “Ce camp avait une particularité, il “hébergeait” beaucoup d’artistes, servant ainsi de vitrine aux activités meurtrières des nazis”. Aujourd’hui à Vaulx, trente-cinq instrumentistes du conservatoire et un choeur d’enfants sont mobilisés pour refaire vivre cette oeuvre sensible et lumineuse. Ces trente-cinq minutes d’opéra vont constituer en mai l’un des temps les plus forts de “Une ville, des mémoires“.
Plusieurs visites commentées sont également prévues en mai par l’AFMD (Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation)
et par l’Anacr : visite à la prison de Montluc, voyage au plateau des Glières, marche sur les traces des résistants vaudais. Cette année en 3 revêt un caractère d’autant plus fort que le 27 mai 1943 vient d’être reconnu comme date officielle de commémoration de la Résistance. La proposition de loi a été adoptée par le Sénat tout récemment, dans un large consensus de toutes les formations politiques.
“Le 27 mai, c’est le jour anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance. L’Etat apporte aujourd’hui une reconnaissance officielle au rôle essentiel de la Résistance pour la Libération et la restauration de la République, explique Maurice Thibaudier, président de l’Anacr. Le texte de loi met l’accent sur l’héritage du programme du CNR et des valeurs qu’il porte. Elles sont toujours d’actualité”.
Les ateliers slam qu’ont constitués les jeunes Vaudais de Fédévo s’emparent à leur tour de ces valeurs. Ils se sont imprégnés des
grandes lignes du programme du CNR et vont les restituer, en hip hop et en textes. D’ailleurs, pour mobiliser largement les ressources de la jeunesse, l’Anacr cherche aujourd’hui à susciter l’adhésion la plus large des associations, des écoles et collèges. La nouvelle loi sur la commémoration du 27 mai va dans ce sens. Elle invite à organiser des actions éducatives “visant à promouvoir les valeurs de la République“.
Il s’agit bien de donner toute son ampleur à une manifestation nationale. Déclinée sur le plan local sous la forme de “Une ville, des mémoires”, elle va permettre de donner aux jeunes de solides points d’appui pour la connaissance de cette période de notre histoire contemporaine.

Françoise Kayser

La manifestation “Une ville, des mémoires”, organisée autour du 70e anniversaire du Conseil national de la Résistance va se déployer d’avril à juin sous différentes formes. Elle souligne l'importance qu’il y a à transmettre la mémoire collective pour bâtir la société d'aujourd'hui, en consolidant les acquis d’hier au fil du temps.

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