Actualités / Cultures - mardi 16 octobre 2012

Welcome, une invitation à la rencontre

TOUT LE TRAVAIL de la jeune artiste japonaise repose sur son attachement aux relations humaines, à son désir d’entrer en lien, que ce soit avec les habitants dans le cadre de ses ateliers, avec ses partenaires sur scène ou avec son public. Ce n’est donc pas par hasard si son spectacle de danse contemporaine s’intitule Welcome. Souhaiter la bienvenue à quelqu’un, c’est en effet d’emblée offrir les perspectives d’une rencontre. “Welcome, c’est le début d’une relation. Au départ de la création, je me suis inspirée d’une histoire. Celle d’une touriste japonaise qui arrive dans un pays, reçoit de nombreux welcome exclamés par les habitants et dit qu’elle en a ressenti de la peine”, explique Anan Atoyama.

Elle s’interroge alors sur ce qui a pu susciter ce sentiment et invite les spectateurs à réfléchir au va-et-vient entre le désir d’aller vers l’autre et la peur de l’inconnu, de l’étranger. Ces contradictions s’expriment sur scène à travers le jeu corporel des artistes. Leurs gestes oscillent entre l’attraction et le rejet, tout en se heurtant constamment à un mur, unique décor, lui même mis en mouvement par les danseurs. “Le mur est un symbole politique, mais aussi celui du lien entre les humains. Nous ne sommes jamais en fusion complètement, car on est un, individuel. Le mur peut évoquer les difficultés qu’on éprouve à trouver l’équilibre dans la relation à l’autre mais, en même temps, c’est ce qui permet de se donner des limites pour instaurer des relations respectueuses et profondes”, soutient la chorégraphe. C’est ainsi que le mur, fait d’éléments en bois amovibles, se joue des danseurs comme eux se jouent de lui. “Il y a un contraste entre la fragilité de l’humain et la solidité du mur. Mais il existe aussi la force pour casser ce mur”, analyse l’artiste.

Son but n’est pas tant de délivrer un message que d’induire une réflexion philosophique, “proche du bouddhisme”, dit-elle. Il s’agit d’initier “un voyage intérieur”, chez le spectateur comme le fait le danseur lui-même. “La danse donne une grande liberté et je souhaite que chaque spectateur puisse faire sa propre interprétation du spectacle et prenne du plaisir”, confie Anan Atoyama, très attachée à cette notion de plaisir à condition qu’il soit partagé. “La danse, le travail du chorégraphe, c’est raconter une histoire, créer un univers, un espace de dialogue, un lien subtil avec les spectateurs”. Pour sa création, Anan Atoyama s’est entourée de son fidèle compagnon, Marc Ribault, de Nordine Hamimouch et de Maya Eymeri. Une très belle rencontre pour promouvoir l’art de la danse.

Jeanne Paillard

Pratique : Welcome, les 18, 24 et 25 octobre à 19h30, les 19, 20 et 26 à 20h30. Le 20 octobre, les spectateurs qui le souhaitent peuvent venir costumés et seront, après la représentation, invités à danser. Renseignements et réservations au centre Charlie-Chaplin, place de la Nation. Tél : 04 72 04 81 18 19.

www.centrecharliechaplin.com