Actualités / Démocratie locale - mercredi 21 novembre 2012

Les finances de la Ville sur fond d’austérité

Après l’hommage de l’ensemble des élus municipaux à Marcel roche, militant, résistant et déporté, décédé le 12 novembre , le Premier adjoint chargé des Finances, Saïd Yahiaoui a lancé le débat d’orientation budgétaire. Un débat qui, peu ou prou, reprenait les arguments développés en 2012, notamment en ce qui concerne le contexte national : “La situation de crise s’approfondit, constate le Premier adjoint. La Ville essaie de corriger cette réalité d’une économie toujours plus discriminante mais le cadre général des finances publiques ne sera pas favorable dans les années à venir”. en effet, si pour 2013 – tout comme en 2012 déjà – la Ville regrette le “désengagement de l’Etat, notamment à travers un gel en valeur de ses concours financiers”, elle s’inquiète de la baisse annoncée de 750 millions d’euros en 2014 et autant en 2015. Les collectivités locales devront aussi faire 500 millions d’euros d’économie, afin de financer le pacte de compétitivité (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). “Tous ces efforts pèseront sur les collectivités locales”, soutient Saïd Yahiaoui, quand le gouverne- ment attend d’elles deux milliards d’économies supplémentaires.

La Ville demande de l’aide

Autre sujet d’inquiétude : le système de péréquation horizontale, mis en place l’année dernière entre intercommunalités au profit des plus pauvres(1), ne favorise pas Vaulx-en-Velin où, pourtant, tous les indicateurs socioéconomiques restent au rouge. “Nous nous sommes battus afin de ne pas être contributeurs de ce fonds, explique Saïd Yahiaoui. Mais nous n’en bénéficions pas car nous sommes dans une agglomération riche”. Le même pro- blème se pose avec la réforme de la politique de la Ville qui prévoit, elle aussi de prendre pour cadre les agglomérations. “Ce qui nous serait extrême- ment défavorable, toujours parce que nous sommes dans une agglomération riche, poursuit Saïd Yahiaoui. Et cette question nous préoccupe au plus haut point”. La Ville se trouve en effet dans une situation avec d’un côté des opérations de renouvellement urbain (Mas du Taureau) qu’il faut terminer quand, dans le même temps, elle participe au développement de l’agglomération (au Sud avec le Carré de Soie), ce qui génère des besoins de financements importants. “Nous en appelons au Grand-Lyon. Si nous devons continuer à contribuer au développement de l’agglomération, il faut nous aider”. Saïd Yahiaoui a rappelé que si Vaulx-en-Velin est la ville la plus pauvre de l’agglomération, elle n’est qu’au seizième rang en matière de dotation de solidarité communautaire.

Seule éclaircie à l’horizon de cette austérité annoncée, les dotations de l’Etat (péréquation verticale) devraient légèrement augmenter. La Ville compte donc poursuivre ses investissements : “Beaucoup de gros dossiers comme le Pacs et le centre aquatique sont déjà lancés et ils représentent près de la moitié de nos investissements”, annonce l’élu. Qui répondait aussi aux critiques précédemment émises par Hélène Geoffroy, au non du groupe socialiste et selon lesquelles la Ville programmerait des investissement qu’elle ne réalise pas : “Entre 2001 et 2007, soit sous le mandat précédent (où Hélène Geoffroy était dans l’exécutif, ndlr), le taux de réalisation était de 79 %. Il est passé à un peu plus de 85 % entre 2008 et 2011”.

En matière de fonctionnement, la Ville entend d’abord et comme les années précédentes, maintenir les taux d’imposition. elle compte cependant sur une progression des produits fiscaux entre 4 et 6 %, progression naturelle du fait de l’augmentation de la population. Ce qui signifie aussi des besoins en fonctionnement qui vont croître, puisqu’ils sont liés au développement de la ville. D’où la nécessité d’ouvrir de nouvelles classes (huit ouvertures en 2012, six prévues en 2013), plus de lieux d’accueil petite-enfance (avec la création d’une trentaine de places), sans compter l’ouverture du Pôle d’astronomie et de culture spatiale fin 2013.

Des besoins plus importants

Lançant le débat, Nathalie Arthaud, pour le groupe Lutte ouvrière (LO) a assuré soutenir “la démarche de la municipalité pour une meilleure péréquation mais, ajoute-t-elle, si on ne débat que de la répartition, on finira par se battre entre communes pauvres et moins pauvres. Nous saluons les choix qui sont fait ici, mais nous sommes inquiets”. Hélène Geoffroy pour le PS soutient la politique du gouverne- ment et regrette “le peu de chiffres annoncés” par la Ville, signalant que “les ressources de la municipalité vont peu ou prou augmenter, mais nous n’en voyons pas la répartition”. et a demandé : “Est-ce que nous ne sommes pas en mesure d’assurer le fonctionne- ment de la commune ?”.

Plus virulent, Philippe Moine pour le groupe réussir ensemble Vaulx-en- Velin (Revv - UMP) a pesté : “Est-ce que nous sommes à ce point sans fierté pour être les mendiants de l’Etat ? Vous continuez votre politique de toujours plus d’assistanat social et de clientélisme”. Pour lui répondre, Philippe Zittoun (agir ensemble avec les Vaudais – divers gauche), a affirmé : “Personne de raisonnable ne se sent le mendiant de l’Etat. Il nous faut être responsables, républicains et porter la dynamique de notre ville”. Alain Touleron (Front de gauche) a rappelé ensuite qu’à Vaulx-en-Velin le revenu fiscal par habitant est l’un des plus faibles de France, le taux d’allocataires du RSA est de 25 % et le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi de 5100. Il a insisté sur la conséquence budgétaire inhérente : “Nous sommes dans une ville qui, à nombre d’habitants égal, entraîne un niveau de dépenses bien plus important que la moyenne”. et, a terminé l’élu : “Quelles que soient les corrections que peuvent apporter les mécanismes des péréquation, il ne s’agit que de corrections qui n’inversent pas la tendance et continuent à creuser les inégalités”.

Des inégalité dont le maire, Bernard Genin, a bien conscience pour sa ville : “Ce que vous appelez du clientélisme et de l’assistanat, Monsieur Moine, ce sont les actions que nous mettons en œuvre pour faire vivre le lien social et favoriser le vivre-ensemble”. en appelant lui aussi au Grand-Lyon : “Nous demandons à l’agglomération à laquelle nous participons au développement, qu’elle nous accompagne. Nous demandons que s’exprime au niveau national une solidarité envers les communes les plus pauvres. Car nous n’aurons pas les moyens d’assurer le fonctionnement de nouveaux équipement sans augmentation des contributions de l’Etat et de l’agglomération”.

Le budget primitif 2013 sera présenté au vote du Conseil municipal le 19 décembre.

Edith Gatuing

(1)Fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPiC).

4578 vues

Commentaires

Vaulx-en-Velin > Journal > Actualités > Démocratie locale > Les finances de la Ville sur fond d’austérité