Actualités / Démocratie locale - mardi 04 mars 2014

Nota bene, la marionnette qui interroge les candidats

DANS LES LOCAUX de la Slea(1), l’ambiance est studieuse. Nota Bene est droite derrière une table, cahier et stylo posés devant elle. Pour manipuler habilement le mandataire, deux jeunes femmes sont acrobatiquement accroupies, l’une soutenant la tête, l’autre, les mouvements des bras. Fayssal Hacham, Hassen Hannachi et Fares Belgharbi attendent l’un des candidats à l’élection municipale de Vaulx-en-Velin pour une interview dirigée par... Nota Bene, la marionnette qu’ils ont créée.

Ces trois amis d’enfance ont entre 25 et 28 ans et sont las des clichés sur les jeunes et de leur désintérêt pour la politique. “Nous avons déjà participé à plusieurs actions associatives comme la marche des parapluies de Forum réfugiés, les Invites de Villeurbanne ou le Printemps de la jupe”, le tout avec les éducateurs de la Slea. Lors de l’une de ces rencontres, Fayssal découvre l’opportunité de faire une formation de quatre mois sur les marionnettes et l’animation filmée. Ni une ni deux, les amis voient là l’occasion de montrer ce qu’ils savent faire et “de sortir de l’image du jeune de banlieue”, explique Hassen. Une image qui leur colle trop souvent à la peau et dont ils se sentent bien loin.

La politique, “le sujet de l’année”

Ils choisissent alors de s’intéresser à la politique, “le sujet de l’année” avec l’arrivée des élections municipales. Ils peaufinent leur projet et créent le personnage de Nota Bene avec l’idée de solliciter les futurs candidats aux élections à Vaulx-en-Velin. “La période s’y prête, poursuit Hassen. les politiques n’arrivent pas à faire voter les jeunes, on leur a proposé un moyen de s’adresser à eux et ils l’ont accepté”.

Quatre candidats ont donc joué le jeu. “D’habitude, ce sont des journalistes politiques qui posent des questions aux hommes politiques. Ils parlent le même langage, commente Fayssal. On veut dissocier les idées, la marionnette met de la distance et du coup, ils nous semblent plus sincères dans leurs réponses”. Car Nota Bene “est un habitant de Vaulx à part entière, il représente le jeune vaudais qui connaît sa ville, poursuit Fayssal. C’est une personne en construction, un peu naïve, qui se forge petit à petit son opinion”.

Au candidat qui va être interviewé, le jeune homme explique comment se positionner et bien regarder la marionnette dans les yeux, comme si c’était un être vivant pour répondre aux questions. Une manière, décrit Hassen, “de casser les codes”.

“Comme tous les Vaudais, je m’interroge”
Une fois le candidat briefé, il est installé face à Nota Bene. Les caméras sont réglées et un “Action !” retentit. Nota Bene ajuste ses lunettes, saisit son stylo et commence : “Bonjour, je me présente : je m’appelle Nota Bene et comme tous les Vaudais, je m’interroge...”. Les questions s’enchaînent : le candidat exerce-t-il une profession, à quoi sert l’argent, s’il est élu que fera le candidat pour le travail des jeunes ? Viennent aussi des questions plus inattendues pour les politiques : l’économie souterraine, la dépénalisation du cannabis, les contrôles au faciès, la discrimination à l’embauche ou encore le mariage pour tous.

De ces heures de tournages, les trois jeunes hommes vont faire un film. Post production, montage, générique... tout reste à faire avant de présenter l’œuvre sur Internet et, qui sait,

la diffuser aux principaux intéressés : les électeurs vaudais. Les reporters ont aussi été filmés à leur tour. En effet, leur projet a intéressé France 3 qui a diffusé un reportage dans le journal du Grand-Lyon, le 26 février, à revoir sur le site Internet de la chaîne de télévision.

Edith Gatuing

Photo © Marion Parent

(1)Société lyonnaise pour l’enfance et l’adolescence.

Pratique : le film sera diffusé à partir du 15 mars sur le blog : http://leblogdu22.over-blog.com

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