Actualités / Démocratie locale - mardi 01 juillet 2014

Sécurité : “Il faut renforcer la présence humaine”

Vaulx-en-Velin a été le théâtre de débordements dimanche 22 juin en marge du match de football Algérie/Corée du Sud. Quelle est votre réaction ?

Avec Ahmed Chekhab, adjoint aux Sports, et l’équipe municipale, nous avons été consternés de voir que ce match a été le prétexte à des actes de vandalisme et des affrontements avec les forces de police. Au vu de ce qui s’est passé et après des échanges avec la commissaire de police, nous avons convergé vers l’idée qu’il était plus prudent d’annuler la retransmission sur écran géant du match Algérie/ Russie, jeudi 26 juin. A regret, car cela nous semblait intéressant de programmer des matchs de diverses équipes. Jeudi soir, les choses se sont mieux passées. Le rassemblement qui a suivi la rencontre était beaucoup plus familial et festif que celui de dimanche. Les appels au calme ont été globalement entendus, mais je condamne les quelques incidents survenus.

Craignez-vous de nouveaux incidents dans les semaines à venir avec les beaux jours ?

Il y a malheureusement une tradition liée au 14 juillet dans le département du Rhône et notamment à Vaulx. Nous allons réunir un Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), que j’ai pris la décision de réactiver parce qu’il était moribond. Non seulement il est réactivé, mais il se fera en présence du procureur de la République, du préfet délégué à la sécurité et du préfet à l’égalité des chances ou son représentant. Ce CLSPD, nous avons voulu le faire le plus rapidement possible, avant le 14 juillet, pour qu’on ait le temps de mettre en place des mesures de prévention. C’est l’occasion de relancer des groupes de travail, sur l’occupation de l’espace public par exemple. il y a en effet deux types d’occupation. L’une, liée à du trafic, est du ressort de la police nationale, et l’autre, liée à des jeunes qui ne savent pas forcement où aller et pour lesquels nous avons un travail de médiation à effectuer. il y a aussi un travail avec l’Education nationale, puisqu’au CLSPD sont invités les principaux et proviseurs des établissements scolaires vaudais, et avec la prévention spécialisée et les médiateurs de la ville. il faut renforcer la présence humaine et la proximité.

Quelles actions la municipalité peut-elle mettre ne place pour endiguer ces phénomènes ?

C’est dans les villes en difficulté que la question de la tranquillité publique se pose avec le plus d’acuité. il faut renouer un lien plus étroit avec la police nationale. Cela se traduira par des rencontres plus régulières et par une présence des forces de l’ordre dans nos manifestations officielles pour que la population n’ait pas à faire à eux que dans les moments de tensions. J’inviterai la commissaire et son adjoint dans un certain nombres de moments républicains, comme les commémorations et les conseils de quartier, où ils pourront dire leurs actions et entendre les attentes de la population. Même si je ne commande pas la police nationale, je peux travailler avec elle sur les façons d’inter- venir. En parallèle, nous allons renforcer la police municipale et réfléchir à ses missions avec l’idée d’accroître encore la proximité et les plages horaires. A Vaulx-en-Velin, la police municipale, c’est sept agents actifs. Nous allons rouvrir trois postes existants et en créer trois autres. on espère ainsi arriver à un effectif de treize policiers au début de l’année prochaine. Idem avec la question de la médiation. Quatre médiateurs labélisés, ce n’est pas suffisant. Enfin, je vais instaurer le rappel à l’ordre. C’est une possibilité qu’a le maire d’une commune de recevoir des jeunes avec leurs parents pour rappeler les règles lors d’incivilités. Parfois, le fait de redire les choses dans un cadre solennel peut permettre d’inverser la tendance avant que la dérive ne soit trop accentuée.

Mardi 24 juin, un enfant a été agressé à l’école Jean-Vilar. Les parents d’élèves sont inquiets. Quel message leur adressez-vous ?

C’est un moment de réelle consternation, car l’école est un sanctuaire. Se dire que c’est sur le temps scolaire que s’est produite cette agression, cela ne peut que susciter des inquiétudes de la part des parents, des élèves et des enseignants. J’ai rencontré parents d’élèves et enseignants et nous avons pris des mesures immédiates. Des policiers municipaux sécurisent les entrées et les sorties des élèves devant les groupes scolaires et des médiateurs sont présents pendant les temps de récréation, à l’extérieur, pour assurer une vigilance. il faut traiter aussi le sujet de l’occupation de l’espace devant la piscine, la ludothèque et l’école. C’est un des sujets du prochain CLSPD, car malheureusement, ce n’est pas un problème spécifique à cette école. Le dispositif sera parfaitement au point pour la rentrée de septembre et la police nationale assurera des passages réguliers devant les écoles. J’ai aussi encouragé les parents d’élèves à rejoindre les conseils de quartier pour trouver des solutions ensemble.

Vous avez réaffirmé votre politique en matière de sécurité lors du dernier conseil municipal. Quelles en sont les grandes lignes ?

Ce que j’ai voulu réaffirmer, c’est qu’ê- tre de gauche, c’est aussi parler de sécurité. Les gens ne peuvent pas vivre dans l’inquiétude. on ne doit pas être angoissé à l’idée de rentrer chez soi. En même temps, les chiffres de la délinquance sont en train de s’améliorer à Vaulx-en-Velin depuis que nous sommes en zone de sécurité prioritaire. Il n’y a donc pas de fatalité et Vaulx est aujourd’hui une ville sûre. En revanche, il reste des sources de crispation qu’il faut traiter. Nous allons lancer une étude sur la télésur- veillance afin de faire un point sur l’état de nos caméras qui sont relativement vétustes, avec l’idée non pas d’étendre forcement leur nombre, mais de protéger les bâtiments communaux et les endroits stratégiques. Et surtout, il faut de la présence humaine. Des policiers municipaux, des médiateurs et plus généralement des adultes, car ils apaisent les incivilités des plus jeunes. C’est un travail de longue haleine, avec des enjeux ambitieux qu’il nous reste à retranscrire de façon opérationnelle.

Propos recueillis par Maxence Knepper