Actualités / Enfance / Jeunesse - mardi 18 février 2014

Des lycéens touchés par le témoignage d’une gangster repentie

“JE VOULAIS être une femme forte pour ne jamais être frappée comme ma mère l’était.” Alma a appartenu pendant cinq ans à l’un des gangs les plus violents du Guatemala. Elle a tué, racketté, trafiqué et semé la terreur avec ses camarades, ses “homies”, alors qu’elle n’était encore qu’une adoles- cente. Devant la caméra du photo- journaliste Miquel Dewever-Plana, la jeune fille, qui est depuis sortie de cet univers de violence (non sans séquelles puisqu’elle est aujourd’hui paraplégique), se confesse sans fard. Il en ressort un témoignage unique, primé dans de nombreux festivals, que le réalisateur a souhaité partager avec les lycéens vaudais, jeudi 13 février. “Des Alma, il y en a plus de 20000 au Guatemala. Ces adolescents connaissent des violences plurielles, qu’elles soient sociales, politiques, écono- miques, physiques, sexuelles... Malgré la distance, le destin de cette fille semble faire écho aux réalités qu’observent les jeunes français”, note Miquel Dewever-Plana. A l’issue des projections durant lesquels les élèves ont observé un silence religieux, beaucoup ont profité de la présence du photographe pour des questions concertant les symptô- mes d’une société malade, la vie quo- tidienne dans un bidonville ou encore la sécurité des repentis. “Il arrive que les jeunes rigolent bêtement sur des sujets graves. C’est souvent parce qu’ils ne savent pas comment réagir. Aussi, nous avons travaillé sur le sujet en classe, que ce soit en anglais, en espagnol ou en français, afin de les préparer à être réceptifs”, explique Carmen Diaz, professeur d’espagnol au lycée professionnel Les Canuts.

 

“J’aurais pu finir comme toi...”

Les élèves ont paru extrêmement touchés par le récit brut de cette jeune fille brisée et certains ont souhaité lui faire passer des lettres de remercie- ment. “J’habite dans un quartier difficile, mais pas autant que le tien. J’ai eu l’impression de me reconnaître dans ton témoignage. Moi, je n’ai pas arrêté l’école pour mieux aider ma famille financièrement. A l’école, je n’y arrive pas du tout mais j’essaye de faire de mon mieux pour rendre fière ma maman. J’aurais peut-être pu finir comme toi si j’avais fait le mauvais choix”, écrit l’un d’entre eux. “Je suis sûr qu’Alma sera extrêmement émue de toutes ces attentions”, souligne le photographe. Reprenant les mots du peintre Modigliani, Miquel Dewever-Plana a encouragé les jeunes Vaudais a conserver leurs ambitions pour faire de grandes choses dans leur futur : “Ton devoir est de sauver ton rêve. Je vous souhaite de sauver le vôtre.”

M.K

Crédit photo © Marion Parent

Pratique : à voir sur  ici. Miquel Dewever-Plana expose jus- qu’au 26 mars ses clichés sur les gangs de rue à l’atelier Item, 3 impasse Fernand-Rey, Lyon 1er. Tél : 04 78 72 18 40.

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