Actualités / Enfance / Jeunesse - mardi 15 avril 2014

Palmarès des lycées, ce qu’il y a derrière le classement

Au lycée professionnel Les Canuts comme au lycée général et technologique Doisneau, les proviseurs ont pris connaissance des indicateurs de leur établissement avec le recul nécessaire : “Nous sommes très déçus et nous ne comprenons pas ces indicateurs. Nos résultats sont en progression constante depuis cinq ans et nous en sommes très heureux”, explique Marie-France Buratti, proviseure adjointe à Doisneau. Son lycée affiche en 2013 un taux de réussite au bac de 77 % selon les chiffres du ministère de l’Education nationale, deux points en dessous su taux attendu pour l’Académie et un point en dessous du taux national : “C’est une erreur, poursuit-elle, puisque nous sommes en réalité à 78 % pile. Mais au-delà des chiffres, il faut savoir que, chez nous, aucune sélection n’est pratiquée à l’entrée, 75 % de nos élèves viennent de collèges en éducation prioritaire, 70 % des collèges de la ville. En tout, 80 % de nos élèves sont vaudais”.

Le lycée accueille, plus que d’autres, des redoublants de terminale, “même si cette année, il y en a eu très peu par rapport aux années passées. Ce qui fait que le chiffre de 78 % de réussite au bac est une belle performance”. La proviseure adjointe peut aussi compter sur le soutien d’une équipe enseignante stable – avec moins de 10 % de mobilité –, sur l’implication des professeurs à travers le tutorat et l’accompagnement personnalisé des élèves, et sur les parcours d’excellence pour mener les jeunes vers les grandes écoles. Cette année, 7 élèves sont admissibles à l’Insa, 3 à l’Idrac, 4 à Sciences Po-Paris et 7 préparent les concours Sciences Po-Province.

Un canevas qui limite le décrochage

Au lycée des métiers Les Canuts, le taux de réussite au bac est de 88 % tous secteurs confondus. Le lycée professionnel se situe quinze points au-dessus de la moyenne académique et douze au-dessus de la moyenne nationale. David Laposse, le proviseur, sait mieux que quiconque tout le travail nécessaire pour éviter le décrochage scolaire et stabiliser certains élèves avec des situations sociales et familiales parfois difficiles. “Nous avons des commissions de suivi hebdomadaires pour dépister très vite les jeunes en difficulté, ainsi qu’une gestion très fine de l’absentéisme”, explique David Laposse.

S’y ajoutent tout un tas de mesures construites “comme un canevas qui limite le décrochage” : travail en petits groupes pendant les vacances scolaires, travail soutenu pendant les heures de permanences, moyens mis à disposition pour les élèves qui maîtrisent mal le français… “Nous avons mis en place un maillage sur l’ensemble de l’emploi du temps, car si un jeune en grande difficulté, c’est une cause de décrochage”, complète le chef d’établissement.

Autre critère pris en compte, le taux d’accès des élèves de seconde et de première au baccalauréat. C’est, selon le ministère de l’Education, “la probabilité qu’un élève obtienne le bac, à l’issue d’une scolarité entièrement effectuée dans l’établissement”. Soit la capacité pour un lycée à garder ses élèves. Quand ce chiffre est négatif, il peut indiquer ceux qui se séparent de leurs élèves en difficulté, pour produire de meilleurs résultats au bac. Mais aussi ceux qui établissent des passerelles avec les lycées professionnels pour réorienter leurs élèves en difficulté. C’est le cas du partenariat qui existe entre les deux lycées vaudais : “Nous accueillons des élèves de seconde générale qui décrochent, en stage d’intégration dans nos filières professionnelles”, souligne David Laposse.

Enfin, un troisième critère finalise les résultats : la proportion de bacheliers parmi les élèves quittant définitivement le lycée. Là encore, comment comprendre les résultats ? Un élève de seconde qui se découvre une vocation et qui va suivre les études qu'il souhaite dans un autre établissement est... un échec, selon le ministère. Ainsi, les indicateurs retenus peuvent pénaliser un établissement qui pratique l'orientation positive vers des filières professionnelles et technologiques, fussent-elles dans d'autres lycées.

Si l’Education nationale ne classe en aucun cas les lycées, d’autres s’en chargent et les medias ne manquent pas de le faire chaque année. Parmi les différents palmarès publiés pour l’Académie de Lyon, le premier lycée public se situe, au mieux à la 7e place, au pire à la 11e. Peuvent être ainsi comparés des établissements publics, censés accueillir tous les élèves de leur secteur, et des établissements privés qui peuvent choisir et sélectionner uniquement les meilleurs. “ Notre objectif à nous, ce ne sont pas les résultats, mais la réussite de nos jeunes, analyse David Laposse. Nous apportons une vraie plus-value mais ces résultats sont fragiles”. Et sa collègue de Doisneau d’ajouter : “Nous ne choisissons pas nos élèves, c’est eux qui nous choisissent et c’est très valorisant de travailler avec eux.

Edith Gatuing

www.education.gouv.fr/cid3014/indicateurs-de-resultats-des-lycees.html

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