Actualités / Société - mercredi 21 novembre 2012

De plus en plus, elles disent : non !

“REGARDEZ tous ces dossiers !“, s’exclame Liliane Badiou qui soupire devant la pile amoncelée sur son bureau. effectivement, en 2012, elle en recense “près de deux cents, sans compter les quelque soixante-dix dossiers à constituer pour reconnaissance du handicap, l’autre volet d’actions de notre association“. Depuis sa création, Liliane Badiou est présidente du Lien, une association vaudaise installée à l’espace Frachon. Voilà dix ans qu’elle traite des violences faites aux femmes : “Toutes les violences : familiales, physiques, verbales, financières...”. au Lien, Liliane et Mounia, bénévoles attentives, écoutent et accompagnent : “40% d’entre elles viennent pour des violences conjugales. Certaines ne parlent pas français et vivent repliées chez elles”. Liliane n’hésite pas à se rendre à domicile. “On se demande pourquoi elles ne partent pas dans les cas extrêmes. Mais c’est qu’elles manquent de tout, de travail, d’argent et qu’elles ont peur pour leurs enfants”.

Ou aller ?

“Il manque des structures d’hébergement”,assure Liliane.Plusieurs responsables d’associations et militantes féministes lui font écho. Les deux seules structures de l’agglomération lyonnaise sont basées, l’une à Saint-Fons – Femmes informations liaisons (Fil), l’autre à Villeurbanne ( Viff-SoS Femmes). Toutes deux sont débordées, comme les centres d’hébergement provisoire qui reçoivent les familles, monoparentales ou pas. “Nous avons conscience du problème du relogement, confirme Sophie Charrier. Nous avons entamé des discussions avec des communes de l’agglomération, car les femmes avec ou sans enfants doivent être relogées ailleurs que là où elles ont subi des violences. Il faut réfléchir à des formes de mutualisation des logements à mettre à disposi- tion, en lien avec les bailleurs. Je vais interpeller la ministre des Droits des femmes à ce sujet”.

En revanche, les lieux d’écoute sur la ville ne manquent pas, avec différents niveaux d’intervention, pour accompagner les démarches des Vaudaises quelles que soient leurs origines eth- niques ou culturelles. Le CiDFF (Centre d’information et de documentation des femmes et des familles), implanté depuis 2007, remarque que “souvent, elles sont confrontées d’abord à des problématiques d’ordre économique“, rappelle Meyra Royer, conseillère. Le CIDFF, tout en n’étant pas spécialisé sur les violences, constate que sur l’ensemble des entretiens, un tiers des personnes reçues présente des problématiques conjugales graves. Quand elles sont prêtes à porter plainte, le commissariat est tout proche. Peu de femmes s’y résolvent : une fois sur dix environ, malgré la recrudescence de ces violences. et malgré leur gravité : “Il faut du temps pour qu’elles se déterminent”, explique Christelle Zoffranieri, coordinatrice sociale, qui reçoit beaucoup de plaignantes. Mona Zegmar, juriste à la Maison de Justice, le confirme. “La porte d’entrée pour elles à la Maison de justice est rarement la plainte. Mais la grande majorité des personnes qui sollicite nos services sont des femmes, parce que ce sont elles qui sont les plus susceptibles d’être victimes ; des vols à l’arrachée dans la rue aux violences conjugales, elles sont considérées comme en état de faiblesse”. Pourtant, poursuit- elle, “le fait de porter plainte participe de la réparation, psychologique et financière”. elle constate que celles qui viennent aujourd’hui ont souvent 50 ans et plus : “Ce qu’elles ont vécu dans leur jeunesse a été très destructeur, pour elle et leur entourage ”. Une psychologue peut les accompagner à leur demande, et tenter de “libérer la parole” afin qu’elles se reconstruisent enfin.

En collectif depuis 2008

Violences sexuelles, harcèlement, mariages forcés, à Vaulx comme partout, on recense telle une litanie lors du 25 novembre, la longue liste des violences. Chaque année, on rappelle qu’en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou compagnon. et que dans la grande majorité des cas, les violences sont commises par des personnes connues de la victime : conjoint, père, frère, cousin... On sait qu’elles touchent n’importe quel milieu social, mais qu’elles sont aggravées par la pauvreté et la précarité.

“A Vaulx, le Collectif Femmes s’est mis en place en 2008 à partir de groupes de parole qui avaient surgi au sein des structures et associations”, explique Sophie Charrier. autour d’un thème annuel fédérateur, les grandes problématiques concernant les femmes sont mises en lumière pour le 8 mars, jour- née internationale des droits des femmes, et le 25 novembre. en 2012, le thème de la représentation hommes- femmes aborde la question des stéréotypes à travers une exposition, des rencontres et des débats qui ont lieu durant une semaine dans toute la ville. Faire reculer le sexisme et faire reculer les violences est un même combat.

F.K et R.C.

Pratique :

Exposition de Femmes solidaires

 Le mercredi 21 novembre, service Médiation Jeunesse, rue du Lycée, avec débat de 17 à 18h.

 Le 22 novembre, Hôtel de ville, place de la nation.

 Le 23 novembre, espace Benoît-Frachon, 3 avenue Maurice-Thorez, avec débat de 14 à 16h.

Le 25 novembre, cinéma les Amphis, rue Pierre-Cot.
 

 Cinéma

Au centre social Georges-Levy, place André-Bolliet, le 26 novembre à 14h, “Khouya”.
 

- En cas de violences conjugales

:

39 19 (appel gratuit). Ce numéro, depuis un poste fixe est invisible sur les factures.

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