Actualités / Société - mardi 01 avril 2014

Karethic, l’arme cosmétique des productrices de karité

 SI L’ARBRE de karité est leur trésor – non pas comme un bien que l’on s’approprie mais comme une ressource que la nature donne en partage –, améliorer le sort des productrices de karité est leur combat, au Bénin et dans le reste de l’Afrique. Carole Tawema et sa sœur Glwadys l’ont engagé via le projet Karethic, filière du karité artisanal non raffiné qui propose des produits cosmétiques bio. D’abord sous la forme d’une association puis en créant une entreprise basée à la fois en France et au Bénin, elles tentent de “libérer les productrices du diktat des industriels et des négociants, en leur apportant l’accès direct au marché”. Aujourd’hui 500 femmes réunies en coopératives sont partenaires de Karethic Benin et de Karethic Terrethic France. Ainsi, de l’Atacora – région où les amandes sont collectées et où le beurre est produit – en passant par la capitale Cotonou jusqu’à Vaulx-en-Velin où se trouve le siège de Terrethic, le beurre de karité suit un trajet sans intermédiaire. Leur gamme de produits est commercialisée dans 250 magasins bio en France et 12 pays à l’international. Plusieurs ont été recommandés cette année par l’Observatoire des cosmétiques(1). Et la vente en ligne démarre tout juste.

Une nouvelle manne pour les marchands
“Ce projet est né de mon travail de fin d’études à l’école supérieure de commerce de Marseille, lorsque j’ai ouvert les yeux sur les problématiques de l’industrie du karité”, explique Carole. Elle décrit, d’un côté les productrices, gardiennes de l’arbre et garantes d’un savoir faire, qui récoltent les amandes et font le beurre. De l’autre, les négociants et raffineurs qui récoltent, eux, l’argent du beurre. Il faut savoir que “90 % des ressources de l’arbre sont exportées vers les industries de raffinage industriel, privant ainsi les femmes des zones rurales et leurs familles d’une précieuse source de revenus, apportée par la transformation locale des amandes en beurre de karité”. Cela nuit à leur autonomie et les prive aussi de ce nutriment local. Car les Africains, qui ont de tout temps utilisé ce beurre dans leur cuisine consomment désormais davantage d’huiles raffinées importées. A contrario, très présent dans la cuisine occidentale, cet ingrédient tend à remplacer l’huile de palme aujourd’hui décriée. C’est une nouvelle manne pour les marchands. Une démesure pour d’autres. L’objectif de Carole et Glwadys est de rééquilibrer la balance : “L’équilibre des relations Nord Sud passe par la relocalisation des moyens de production, la préservation des savoir-faire locaux et la capacité des populations du Sud à définir un modèle de développement alternatif à l’exportation sans limite de leurs ressources naturelles”.

Fabienne Machurat

1)SARL au capital de 32 000 euros, dont les res- sources proviennent des consultations payantes des internautes, des abonnements et qui se dit indépendant de toute marque et de tout lobby.

Pratique : Karethic au comptoir Etic, 10 avenue des Canuts. www.karethic.com

Photo © Marion Parent

L'alliance des abeilles et des femmes

VA T-EN-GUERRE pour la cause des femmes africaines, Carole et Glwadys Tawema ne sont pas à cours de stratégie. Elles viennent de lancer un nouveau projet : la production de miel de fleurs de karité qui pourrait favoriser l’indépendance des productrices de beurre de karité (16 millions de femmes). Un miel précieux qui constituerait une alternative à l’exportation des amandes et permetrait aussi de défendre une apiculture durable. Sachant qu’actuellement, les abeilles africaines sont plutôt préservées de la pollution et des pesticides mais sont victimes d’un mode de récolte qui consiste à les brûler.

“En installant des ruches et en formant des femmes et des hommes à l’apiculture, nous pourrons sauver quelques abeilles et en faire les premières alliées des productrices de karité”, disent les fondatrices de Karethic.
Pour financer leur projet, elles ont lancé, le 8 mars, un appel au don via la plateforme de financement participatif Ulule (à partir de 5 euros). Des pots collectors de 100gr de miel récompenseront le soutien apporté. Le projet sera financé si au moins 5000 euros sont collectés avant le 27 avril.

Pratique : fr.ulule.com/miel-karite/

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