Actualités / Société - mardi 15 octobre 2013

Les terres agricoles en quête de redynamisation

SON NOM LATIN, Valles in Velleno (la vallée des brebis), a beau évoquer la culture et l’élevage, il ne reste plus beaucoup d’agriculteurs à Vaulx-en-Velin. La zone maraîchère accueillait une quarantaine d’exploitations au début des années 1980. Trente ans plus tard, on n’en compte plus que neuf. D’ailleurs, de “maraîchère”, cette zone n’a plus que le nom : il ne reste plus que 25% de maraîchage dans les 200 hectares de surface agricole à l’est de la commune. Certes, on trouve encore carottes, choux, laitues et les célèbres cardons, mais ils ont peu à peu laissé la place aux cultures céréalières. On est loin de ce qu’a pu être autrefois “le potager de Lyon”. A la fin des années 1970, la création d’une zone maraîchère a été pensée comme une réponse à l’urbanisation galopante. Un moyen de gagner la guerre du cardon contre le béton. Au fil du temps pourtant, les terres maraîchères se sont amenuisées au profit des étendues de maïs. Et le vieillissement des exploitants a failli porter le coup de grâce. Dans le Grand-Lyon, 50% des agriculteurs sont âgés de plus de 50 ans. Vaulx ne déroge pas à cette règle. “Il y a 10 ans, il ne restait à Vaulx qu’une dizaine de maraîchers, tous proches de la retraite. Il fallait sauvegarder ce plateau emblématique”, se rappelle Mathieu Novel, animateur territorial à la Chambre d’agriculture du Rhône.

Un obstacle : le manque de bâtiments techniques

La zone maraîchère n’a pas perdu son attrait, bien au contraire. Il est rare de trouver, à quelques minutes d’une grande ville, tant d’hectares cultivables. Mais les jeunes agriculteurs qui s’intéressent à la richesse des terres vaudaises, butent sur un obstacle de taille : le manque de bâtiments techniques. En partant à la retraite, la plupart des producteurs vendent prés et champs, mais pas forcement les bâtiments attenants. “Il est primordial de construire au plus vite des infrastructures et de favoriser la transmission des savoirs”, estime Max Ballet, président du syndicat agricole vaudais et ancien agriculteur.

Le projet Terres du Velin, qui regroupe les villes de Vaulx-en-Velin et Décines, a justement été pensé pour pallier cela et valoriser l’activité maraîchère. L’idée, pour les communes, est d’investir à la place des jeunes maraîchers qui sont dans une situation financière difficile et, moyennant un loyer acceptable, leur permettent d’utiliser les locaux dont ils ont besoin. Grâce à cela, l’ensemble des partenaires (Vaulx-en-Velin, Décines, le Grand- Lyon, le département du Rhône, la Chambre d’agriculture…) tablent sur l’installation de dix agriculteurs en une décennie. Pour le moment, deux jeunes exploitants ont sauté le pas, en 2009 et 2011 quelques années avant le projet Terres du Velin). D’autres sont à venir.

L’agriculture de proximité : un réel potentiel

Il faut désormais trouver le lieu adéquat à l’implantation des bâtiments de stockage et de lavage. Et rien n’est simple. Car la quasi-totalité de la zone agricole est inondable. Il n’est donc pas possible d’y construire. “C’est un gros casse-tête”, avoue Gwénaëlle Pautet, chargée de mission ville et territoire durable à la direction municipale du Développement urbain. Un terrain a déjà été acheté du côté de Décines. Ne reste plus qu’à en trouver un autre à Vaulx, qui soit proche des champs et en zone non inondable. Un espace a été identifié, au sud de la rue Racine, le long du chemin de l’Epi. Le dossier Terres du Velin devrait donc se débloquer prochainement. D’autant que, une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, Terres du Velin devrait être classé par le Département en périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains (Penap). En d’autres termes, la zone maraîchère serait assurée, pour trente ans au moins, de n’être dédiée qu’à l’agriculture et recevrait des subventions pour financer ses projets de développement.

Il y a 15 ans, Max Ballet doutait que maraîcher soit encore un métier d’avenir. Aujourd’hui, il se montre plus optimiste. “On se tourne de plus en plus vers l’agriculture de proximité. Il y a donc un réel potentiel”, constate-t-il, heureux de voir la relève assurée.

Maxence Knepper

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