Actualités / Société - mercredi 07 janvier 2015

Un droit réaffirmé : celui d’être mère ou pas

EN FRANCE, des femmes se sont bat- tues pour avoir le libre choix de maîtriser leur fécondité. Etre mères ou pas, est une décision de leur ressort. Au Parlement, le 26 novembre 1974, Simone Veil a ouvert le débat qui a abouti le 17 janvier 1975 à une loi historique : la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui dépénalise l’avortement.
40 ans après, le 26 novembre 2014, les élus de l’Assemblée nationale ont adopté une résolution “pour réaffirmer le droit fondamental à l’IVG en France et en Europe” (143 voix contre 7). “C’est rassurant, c’est la confirmation que ce droit doit perdurer”, estime Caroline Bouakl, médecin orthogéniste référent à la clinique de l’Union. Pratiquant des interruptions volontaires de grossesse depuis 25 ans, elle intervient aussi aux Portes du sud à Vénissieux et dans les centres d’orthogénie des hôpitaux Lyon sud et Edouard-Herriot. “J’ai été formée par un médecin convaincu, le docteur Gérard Bendrihem, qui pratiquait les IVG avant la loi Veil et qui, à 80 ans, intervient encore à Lyon Sud”, indique-t-elle.

Rester vigilant

Tous deux comptent parmi les défenseurs de cet acquis majeur de l’émancipation des femmes. C’est dire qu’il y a des pourfendeurs. Ceux que le droit à l’IVG continue de crisper : les alliances conservatrices, les lobbies anti-avortement, les médecins qui s’opposent et qui dénient aux femmes le droit à disposer de leur corps. “Ce fond existera toujours, affirme Caroline Bouakl. J’ai connu les anti IVG qui s’en- chaînaient dans nos locaux. Aujourd’hui, ils ont d’autres méthodes, parfois plus insidieuses. Ils distribuent des tracts à la sortie des lycées et sévis- sent sur internet. Au sein du corps médical, même, il y aura toujours des médecins au discours culpabilisant, des radiologues qui font écouter les battements de cœur, des généralistes qui refusent de faire l’attestation de première visite”. Marie a avorté comme une femme sur trois. elle garde en mémoire un entretien extrêmement pénible avec un médecin orthogéniste exerçant en secteur privé : “etant donné la longueur des délais à l’hôpital, on m’a orienté vers lui. Ses propos étaient méprisants. Je me suis demandé pourquoi il pratiquait des IVG.” elle a finalement obtenu un rendez-vous dans un centre d’Orthogénie public.

La vigilance reste de mise en France et en Europe. Il n’est qu’à voir la tentative du gouvernement espagnol qui, l’an passé, a voulu limiter radicalement le droit à l’IVG. Une tentative heureusement avortée. Même si le gouverne- ment français a fait quelque peu évoluer les choses, (remboursement de l’IVG à 100 %, gratuité de la contraception pour les mineures, suppression de la condition de détresse, meilleur référencement internet des sites d’info officiels...) et que, par la voix de Marisol Touraine, ministre de la santé, il annonce des mesures en janvier “pour améliorer l’accès à l’IVG sur l’ensemble du territoire“, le combat continue. Un revirement est toujours à craindre. Car bien souvent, dans le monde, c’est encore l’Etat, les autorités religieuses, le mari, le père, ou les corporations de médecins qui décident.

Fabienne Machurat

Pratique

Clinique de l’Union

Le centre IVG de la Clinique de l’Union est un petit service où sont pratiquées en moyenne 150 IVG par an. Clinique de l’Union, centre IVG, rue Louis-Duclos. tel : 04 78 79 47 59.

Centre de planification et d’éducation familiale
Accueil du lundi au vendredi de 9h à 12h et 13h30 à 17h. Consultations médicales sur rendez-vous. 22 rue Condorcet. tel : 04 78 80 17 87.

Planning familial
2 rue lakanal à Villeurbanne.
tel : 04 78 89 50 61.
N° National : 0 810 810 714 N°AZUR d'écoute, d'information et d'orientation téléphonique du lundi au vendredi de 12h à 18h.

sites internet :

www.ivg.gouv.fr

www.avortementancic.net

 

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