Actualités / Société - mardi 03 décembre 2013

Un nouveau plan social chez Sofrapain

LA COLÈRE MONTE parmi les employés de cette boulangerie industrielle, implantée de longue date au sud de la commune et qui dépend du groupe Nutrixo(1). Ils réclament la suppression du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui prévoit des licenciements au sein du groupe, dont plusieurs annoncées à Vaulx avec une baisse de la production sur le site. “La direction programme 15 licenciements et parle de 21 créations de postes quand elle veut, en fait, titulariser des intérims, soit des emplois précaires. Tout se passe comme si on était voué à disparaître”, déclare l’intersyndicale(2).

Créée en 1969 par un artisan boulanger, la société Sofrapain a connu des heures florissantes grâce à la fabrication de pain frais, de pain précuit et de viennoiseries de qualité. Il y a cinq ans, l’usine vaudaise comptait 170 salariés. Elle emploie aujourd’hui 105 personnes en CDI. Sofrapain, détenue dans les années 1990 par les groupes britanniques RHM et Premier Foods, a été vendue à Nutrixo en 2009, groupe français dont la totalité du capital a été acquises par Siclaé, elle-même filiale industrielle de Vivescia(1).

“Logique de rentabilité immédiate”

A Vaulx-en-Velin, la nouvelle direction a décidé de stopper la fabrication de pain. Du coup, les quatre cinquièmes de l’usine sont vides. Sur les cinq lignes de production qui étaient auparavant actives, une seule continue de fonctionner pour fournir de la viennoiserie. “Les dirigeants justifient l’arrêt du pain par la perte du client historique Casino, celui-ci ayant refusé la hausse des prix de 10% qu’on voulait lui imposer, disent les syndicats. Par ailleurs, rien ne garantit que l’on conservera la fabrication des produits à valeur ajoutée. Avant, nous étions les seuls à produire pour Mark et Spencer et John Sainsbury, des clients de 20 ans. Désormais, Nutrixo répartit leurs com- mandes sur différents sites”. La crainte des salariés, c’est de voir décliner la production jusqu’à l’ouverture de la ligne de production de Romans-sur- Isère, prévue en 2014. Tout semble en route pour une délocalisation et la fermeture du site vaudais. Rien n’est infirmé du côté de la direction quand celle-ci, sollicitée, n’a pas manifesté la volonté de répondre à nos questions. Les syndicats dénoncent une “décision qui n’est pas fondée sur un choix économique mais politique”. Ils sont soutenus par le maire de Vaulx-en-Velin qui marque son opposition à “une logique de rentabilité immédiate”. Soucieux de défendre l’emploi sur la commune et le savoir-faire de ces ouvriers, le maire a adressé un courrier au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg : “J’ai souhaité l’alerter sur la situation de Sofrapain. Je demande à ses services ainsi qu’à la préfecture, une réunion d’urgence avec tous les parte- naires concernés, pour sauver les emplois et relancer une dynamique industrielle sur le site. Quitte à envisager un transfert des locaux à proximité”.

F.M

(1)Nutrixo est un des leaders européens de la meunerie, avec un chiffre d’affaires de près de 1,3 milliards d’euros au 30 juin 2012. Vivescia est un groupe coopératif agro-industriel français, dont le chiffre d’affaires s’élève à 4 milliards d’euros. (2) CFTC, CGT Unsa, FO, CFDT, CFE-CGC.