Actualités / Société - mardi 15 octobre 2013

Une bière sans malt, made in Vaulx-en-Velin

CHRISTOPHE Bellet n’a que 26 ans, mais cet ingénieur agronome, diplômé de l’Isara de Lyon, a déjà mis au point un procédé révolutionnaire de production de bière sans malt, grâce au soutien technique et financier des incubateurs de l’Isara et de Crealys. Le maltage est une opération qui consiste à reproduire, de façon industrielle, le développement naturel d'une céréale. Or, cette étape, qui se déroule principalement dans le nord et l’est de la France, est très gour- mande en énergie, en matière première et en eau : pour trois litres de boisson, il faut pas moins d’un kilo de céréales et des dizaines de litres d’eau. “C’est un procédé très lourd et pas très écologique, comme le raffinage du pétrole”, compare l’ingénieur.

Grâce à ses recherches, lui est capable de sauter cette phase et de travailler la céréale crue sitôt quelle est ramassée, ce qui permet d’avoir une production 100% locale. “Les champs d’orge et de houblon, on s’en occupe nous-même. Enfin, je parle à la troisième personne, mais je travaille seul”, souligne Christophe. S’il se fait aider par des agriculteurs, c’est en effet lui qui cultive son houblon dans le Beaujolais et ses céréales au Grand parc de Miribel-Jonage. “Leur politique colle bien à notre démarche biologique. Et le Parc nous donne un sérieux coup de main logistique”, explique-t-il.

C’est donc une bière en grande partie vaudaise que produit Christophe Bellet, à la tête de la brasserie Dulion. Du moins, une boisson fermentée vaudaise. Car les textes de lois sont très clairs : pour être considéré comme une bière, un breuvage doit contenir 50% de malt, “pour prévenir l’ajout de sucre”, précise l’ingénieur. Or, sa boisson n’en a pas un seul pourcent. Mais tous les ingrédients sont là. Le goût aussi. “Ce n’est pas facile de remplacer le nom de bière. D’ailleurs, si un client me trouve l’appellation idéale, je ne dis pas non!”

Pour le moment, Christophe produit une pils (fermentation basse et filtrée), une blonde de type belge et une ambrée. “J’ai encore plein de recettes à tester. Comme je ne malte pas, je peux essayer tout type de céréales, même les plus atypiques”, assure le jeune brasseur. Quant à la distribution, là aussi, Christophe Bellet privilégie le circuit court puisque sa bière ne sera disponible que dans un rayon de 50 kilomètres. “Je développe un système mobile avec mise en bouteille devant le client. On va commencer avec un triporteur, et pourquoi pas essayer une voiture électrique dans les années à venir”. La brasserie Dulion a déjà proposé son précieux breuvage dans des foires, des vernissages et des festivals, comme Woodstower, et sera bientôt présente sur les marchés.

M.K