Journal N°36 /
Romain Amate

A 25 ans, il a le taekwondo dans le sang. Sociétaire du Taekwondo club de Vaulx, il vient de décrocher le brevet d’Etat lui permettant de former des entraîneurs. Arbitre il a également repris des études de droit pour booster sa carrière dans la police. Mais comment parvient-il à honorer cet agenda de ministre ?

Le hasard chamboule souvent les vies. Quand Romain Amate a poussé la porte du club de Vaulx-en-Velin, en 1995, “simplement pour suivre un copain”, imaginait-il seulement que le kimono allait se muer en seconde peau ? De retour dans son club formateur depuis deux ans, il vient de décrocher le plus haut diplôme d’enseignant. A écouter les paroles enflammées de ce passionné, on l’imagine chaque soir déplier méthodiquement sa couverture sur un bord de tatami et remiser au matin son oreiller dans un coin du dojo. Romain Amate semble respirer taekwondo jour et nuit. “Dès le premier entraînement, ça m’a plu. Pour l’esprit martial qui anime le sport, l’ordre et le respect des règles et des professeurs”, se souvient-il. Même dans son parcours l’on sent l’homme aussi réfléchi que déterminé. “L’on peut appréhender la discipline de différentes manières. A l’occidentale, comme ici ou à la vietnamienne, beaucoup plus rigoureuse”, explique celui qui a, du coup, fait le tour des clubs du coin après quatre ans passés à Vaulx. Une terre qu’il a donc récemment retrouvée.

Entre temps, Romain s’est piqué de compétition, puisqu’il a décroché un titre de champion de France junior. Mais il a surtout attrapé le virus de l’enseignement. Passant de nombreux diplômes. Jusqu’au dernier, le brevet d’Etat deuxième degré, qui lui permet à son tour de former les futurs éducateurs rhônalpins. Et d’ajouter d’une petite voix : “Ah oui, j’oubliais, je suis toujours formateur pour le club de Vaulx. Et j’apprends tout autant de mes élèves que le contraire”, assure-t-il.

Cet homme aux journées de plus de 24 heures a aussi trouvé le temps de faire des études de droit, pour entrer dans la police. Des études qu’il vient de reprendre pour tenter un concours externe et prendre du galon. Et qu’a-t-il fait en arrivant à la fac ? Ouvert studieusement ses cahiers mais, surtout, enfilé son kimono et rejoint le tatami de l’université. Infatigable stakhanoviste du taekwondo. “C’est pour le plaisir”, modère-t-il. Ah... Romain dresse son index dans les airs. “Je suis aussi juge”, glisse-t-il. Son rêve ultime : devenir arbitre international et du coup voya-ger. Et pourquoi pas officier aux Jeux olympiques. Il a tout le temps pour cela...

S.L