Journal N°42 /
Ernest Boachie Duah

Ernest Boachie Duah a jeté un pont entre le Ghana et la France pour venir en aide aux habitants du village Akuatrom, à travers une association humanitaire.

“Je suis originaire du village voisin. J’ai quitté le Ghana il y a longtemps. Quand je suis revenu, j’ai vu que les habitants manquaient de tout et que les enfants faisaient toujours un long trajet à pied pour aller à l’école, comme moi quand j’étais petit, j’ai donc décidé d’agir”, relate Ernest Boachie Duah.

Il crée donc l’association Back to roots (retour aux sources) : “Le but est d’agir à plusieurs niveaux. Nous avons commencé par l’école pour favoriser la scolarisation des enfants”. Un premier pas qui va permettre à trois cents enfants d’en bénéficier. Ernest se met en quête de fournitures scolaires, d’équipements informatiques, de vêtements qu’il stocke pour l’instant chez lui. “Nous avons récolté des dons ici en France et les membres de l’association se rendent régulièrement sur place pour les apporter”.

Mais ce n’est pas tout, car il lui fallu aussi contourner “le poids des traditions” très ancrées dans ce village Ashanti : “Les enfants doivent souvent se débrouiller pour nourrir la famille”. Alors ni une ni deux, Ernest crée une loi “afin de rendre l’école obligatoire jusqu’à seize ans”. Ayant hérité d’une charge particulière, il est en effet habilité à prendre des décisions importantes : “Je suis le roi du village, c’est un peu l’équivalent du maire. Je représente le pouvoir traditionnel. Mon grand-père maternel avait été lui-même roi du village. C’est une transmission matriarcale”, explique-t-il. Une charge qu’il assume avec sérieux, qui lui permet de “négocier des aides en direct avec le gouvernement ghanéen” et lui confère également le rôle de “juge en cas de conflits”. Ernest a pu obtenir ainsi de l’Etat “l’arrivée de l’électricité à l’école pour que les élèves aient accès à l’informatique”. Mais le combat d’Ernest concerne aussi le domaine de la santé : “Nous avons pu ouvrir un dispensaire médical et l’Etat nous a envoyé des infirmières, une sage-femme et un médecin”, se réjouit-il. Une autre bataille gagnée a permis le développement économique du village : “Nous avons fait installer des machines agricoles pour faciliter le travail des gens”, poursuit-il. Une belle victoire qui nécessite de l’énergie, la force de conviction et la capacité à déléguer : “Lorsque je reviens en France, c’est le conseil des anciens qui prend le relais”, précise-t-il. Ernest, vaudais depuis 25 ans ne désespère pas de pouvoir aussi compter sur l’appui de la Ville : “J’ai transmis le dossier de l’association à l’élue en charge des Relations internationales”, confie-t-il.

Jeanne Paillard

Contact : Association Back to Roots. Tel : 07 60 00 41 33.

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