Journal N°42 /
Michel Odin

Depuis dix ans, il préside l’association vaudaise Dans tous les sens qui propose notamment des ateliers d’écriture. Ecriture et lecture qui, plus que des passions dévorantes, sont pour lui d’inépuisables sources d’évasion et d’émancipation.

L'écriture. Une passion libératrice. Révélatrice. Michel Odin a découvert toutes les capacités de la plume au cours de son long et varié parcours professionnel. “J'ai commencé comme carrossier chez Berliet, puis fus ouvrier d'entretien à l'hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu. Ma sensibilité sociale a émergé à cette époque”, retrace celui qui n’est alors pas encore le président de l’association Dans tous les sens, laquelle œuvre pour la pratique de l'écriture et la création littéraire du plus grand nombre. “J’ai ensuite naturellement suivi une formation d'éducateur spécialisé, exerçant notamment dans un lieu d'accueil pour enfants très perturbés, à Lyon”, poursuit-il. C'est là qu'il observe des ateliers d'écriture. “La qualité des textes de ces gamins était formidable. Dès ce moment, je me suis investi dans des travaux littéraires avec des personnes en difficulté sociale, notamment pendant vingt ans en tant que directeur d’un établissement vaudais accueillant des infirmes cérébraux”. Collaborant alors avec l’auteur Roger Dextre, c’est tout naturellement à Michel Odin que ce dernier fait appel au début des années 2000 lorsqu’il crée Dans tous les sens. Une association qui dans ses ateliers n’a de cesse d’aligner les textes, voire de les publier. Militant de l'accès à la culture et à la création artistique notamment pour les personnes en difficulté, il met maintenant l'accent sur la jeunesse. “Toutes les pratiques culturelles doivent se mutualiser. Nous nous intéressons au hip-hop et au slam. Nous avons d’ailleurs un projet avec Fedevo (Fédération vaudaise de hip-hop et des cultures urbaines)”, explique le président.

Qui ne se voit pas comme un prestataire en ateliers d’écriture. “Je tiens à ce que les personnes qui les suivent soient investies dans l'association. Qu'ils portent à l'extérieur ce qu'ils créent à l'intérieur”, confirme-t-il. De son côté il s'escrime à développer l'association, débusquer des subventions et des aides pour monter de nouveaux projets. “Nous sommes aussi là pour créer du lien social sur la ville à travers de l'action littéraire. En travaillant par exemple avec les lycées, les collèges ou les centres sociaux. La création artistique, outil d'émancipation, ne doit pas être réservée à des privilégiés”, lance Michel Odin.

Un passionné disions nous. Michel Odin, maintenant à la retraite, est de ces personnages dont l’espace temporel semble constitué d’heures comprenant bien plus de soixante minutes. A chaque phrase, il ajoute une corde à son pedigree : président de MJC, de l'école nouvelle à la Croix Rousse mais aussi d'une compagnie de théâtre... Il trouve encore le temps de se plonger dans plusieurs romans simultanément. Lit tôt le matin et le soir. Duras ou Jim Harrison, dont il se “sent extrêmement proche. Déjà parce que c'est un pêcheur à la mouche”, sourit-il. La lecture est ici un train de plaisir filant dans les méandres de l’imaginaire, explorant des mondes inconnus. Et vous Michel Odin, quand prendrez-vous les manettes de cette douce “Bête humaine” ? “Quand j'aurai totalement cessé mes activités, je n'aurai plus le choix, alors j'écrirai”...

S.L