Journal N°46 /
Marie Gerez

A 90 ans, Marie Gerez ancienne bénévole du Secours populaire aspire à la tranquillité tout en suivant les événements commémoratifs de la commune en tant que membre de la chorale Les Ans chanteurs.

“Hier encore, j’avais vingt ans”, chante Aznavour, mais ce pourrait être aussi Marie Gerez qui n’a pas vu le temps passer, aime chanter et, à 90 ans, en paraît beaucoup moins. “Le temps galope mais je ne me sens pas vieille”, affirme-t-elle, presque un peu gênée de faire cet aveu.

Marie se perd parfois un peu dans les dates et le nombre d’enfants, de petits-enfants et d’arrière-petits-enfants et il y a de quoi car ils sont tous très nombreux. Mais elle garde l’esprit alerte pour battre sa fille au scrabble et évoquer ses souvenirs. Installée depuis 1956 à Vaulx-en-Velin, elle s’est investie pendant des années dans la vie associative en tant que bénévole au Secours populaire : “J’aimais bien y aller, je retrouvais mes copines. C’était le mardi et le jeudi”, se souvient-elle. Puis, poursuivant son récit : “Il y avait eu des inondations et tout le linge avait été abîmé”. Ainsi, la vieille dame porte-t-elle en elle la mémoire de cette ville dont elle a fait sienne une des valeurs. “A Vaulx, il y a pas mal de choses qui se font pour aider les gens, c’est bien une ville solidaire et c’est même inscrit sur le fronton de la mairie. Ça me plaît”, souligne-t-elle.

Son engagement a pris aujourd’hui une autre forme puisqu’elle est membre assidu de la chorale Les Ans chanteurs, dirigée d’une main de maître par Monique Martin qui “nous fait souffrir”, s’amuse Marie Gerez. Chanter a toujours fait partie de sa vie : “Le chant, c’est la joie de vivre. Je chante tout le temps, en faisant la vaisselle ou autre chose”, confie-t-elle. Pour preuve, elle se met à chanter quelques chants tirés du répertoire de la chorale. En entonnant ces paroles de l’Affiche Rouge, “Vous n’aviez réclamé ni la gloire ni les larmes”, la voix devient vibrante et résonne dans ce petit pavillon de Vaulx-en-Velin transportant l’auditeur dans un autre temps. Celui où Marie avait 18 ans et, malgré la guerre, croquait la vie. “Nous étions jeunes, nous ne nous rendions pas compte”, livre-t-elle. Pourtant la guerre, elle la subira, au jour le jour, non seulement à cause des “problèmes de ravitaillement”, mais aussi car elle entre chez Far, société reconvertie dans l’armement. “Je faisais des noyaux d’obus”, explique-t-elle. De fil en aiguille, elle relate aussi le “jour où il y a eu un bombardement à Bron. Ma mère était catastrophée et moi j’avais pris un fou rire nerveux”. Il y a aussi celle qu’elle nomme “ma copine” qui a pris part à la Résistance, “une corse”, précise-t- elle. Tout cela fait partie des souvenirs précieux de Marie.

Jeanne Paillard