Journal N°46 /
Récipro-Cité

Patrick Rheinert, architecte vaudais s’est associé au consultant Serge Le Bouch pour imaginer une nouvelle forme d’habitat. On s’y prend en main, se rend service dans un écrin végétalisé. Où tout est optimisé pour réduire les coûts. Une première réalisation est prévue à Tarare.

Un projet de vie : “Vivre ensemble”. A l’expression galvaudée, Patrick Rheinert (à gauche) et Serge Le Boulch, veulent redonner du sens grâce à Récipro-Cité, leur société montée en décembre. Leur dessein : créer les plus belles cités-jardin du 21e siècle dont les résidents seraient les acteurs. A coup de jardins et terrasses, ces habitats collectifs donnent même l’illusion de vivre dans une maison individuelle, mais en soignant le lien social.

Un concept : mélanger les générations et les cultures, sans tomber dans des excès anachroniques. Et s’entraider dans des bâtiments de qualité, modulables, végétalisés et organisés autour d’une rue. Une utopie de doux rêveur ? “Pas du tout !”, sourit faussement indigné l’architecte d’origine allemande. “Nous nous sommes inspirés d’expériences qui fonctionnent déjà outre-Rhin”, assure Patrick Rheinert. Vieillissement de la population, liens sociaux de plus en plus ténus et dégradation du pouvoir d’achat : leurs constructions de deux étages et accessibles apportent une séduisante réponse. “Notre idée est que chacun apporte ses compétences ou son temps”, détaille-t-il. Quand la personne âgée gardera les enfants d’un jeune couple, le bricolo du deuxième réparera la porte qui ferme mal et la main verte du rez-de-chaussée veillera à la bonne croissance des ficus et crocus. Les plus passionnés pourront se charger des jardins potagers. “Des études ont montré qu’au contact de plus jeunes, les personnes âgées vivaient plus longtemps et plus heureuses. D’autant qu’elles peuvent faire profiter de leur longue expérience”, insiste-t-il.

Un gestionnaire animateur. Si “la richesse ce sont les gens”, il faut parfois un peu aider à faire émerger les pépites. Ici intervient la gentille baguette magique des coordinateurs de ces nouvelles cités-jardin qui se feront aussi médiateurs. En s’assurant que leur charte de bon comportement et fonctionnement soit suivie par ses habitants. Bref, avant de fêter la victoire de l’OL ou de l’Asvel, on prévient ses voisins. “On n’est pas non plus obligé d’appeler la régie pour changer une ampoule. S’impliquer, faire les choses soi-même permet de réaliser des économies”, renchérit Serge Le Boulch. Tout comme l’absence d’ascenseurs et de parties communes. “Les bâtiments sont intelligents et consomment peu d’énergie”, ajoute-t- il. Quant au gestionnaire animateur, il créera des clubs, de jardinage ou de covoiturage. Le boom des réseaux sociaux témoigne du besoin de liens... virtuels et réels. Récipro-Cité c’est un peu le Facebook en pierre, chair et terre.

Des partenaires. “Nous ne sommes pas dans l’habitat militant”, rectifient ses tenants. S’il y a des espaces communs, le concept respecte l’intimité de chacun et peut tout aussi bien fonctionner dans l’habitat social que pour de petites copropriétés privées. Mais pour le premier cas “nous devrons faire appel aux collectivités locales, qui pourront par exemple nous louer pour de très longues durées des terrains à prix avantageux”, poursuit le consultant. Combinée aux économies de fonctionnement, cette collaboration permettrait des loyers semblables aux habitats traditionnels.

Nouveau né. Une première résidence devrait rapidement voir le jour à Tarare, mais Patrick Rheinert et Serge Le Boulch nouent déjà des contacts avec Vaulx-en-Velin et même en Bourgogne. “Maintenant que nous avons pensé, mis en place et détaillé le concept, nous sommes prêts à accompagner des Villes et des promoteurs qui désireraient se lancer”, confirment-ils. Réalistes : “Ils ne peuvent être implantés partout, bien sûr, mais peuvent être adaptés. Si le territoire le nécessite, il y aura des commerçants et des praticiens en rez-de-chaussée”. Et pourquoi pas imaginer des trois pièces destinés à de la colocation.

Philosophie. “Nous nous voulons entrepreneurs d’avenir. Nous ne voulons pas faire du fric mais être utiles et donner du sens”...

Stéphane Legras