Journal N°48 /
Alain Cangina

Alain Cangina, ancien détenu, a créé l’association Renaître, pour une justice résiliente et réconciliante.

“Beaucoup parlent à notre place sans connaître la détention.” C’est ainsi qu’Alain Cangina justifie la création de Renaître, association dont le siège est à Vaulx-en-Velin et qu’il souhaite voir rayonner au niveau national : “L’objectif est d’avoir des délégués régionaux dans toute la France”, mentionne-t-il. L’objet de l’association est d’interpeller aussi bien les élus que l’opinion publique sur les conditions de détention qu’il juge “ignobles et inhumaines”. Il dénonce “ce qui se passe dans le milieu carcéral où il y a un suicide tous les trois jours”. Alain Cangina prône “une réforme de fond en comble du système judiciaire et carcéral” et pointe la situation déplorable de la France : “On est au 17e rang après l’Albanie au niveau européen”.

S’il faut à ses yeux reconsidérer la situation d’incarcération des détenus, c’est aussi qu’il estime que “la prison ne sert à rien si ce n’est exclure plus encore les personnes qui se sont, par leur comportement, déjà exclues elles-mêmes de la société”. Il remet totalement en question le système carcéral actuel car, tempête-t-il, “la prison, ça ne marche pas, les gens en ressortent encore plus esquintés. Dès qu’on est enfermé, on n’existe plus. La prison est une zone de non-droit absolu. Elle ne sert qu’à fabriquer des gens qui sont plus cassés, plus rebelles et plus violents à la sortie, c’est contreproductif”. Alain Cangina envisage son association comme un tremplin pour organiser des débats de fond sur ces questions qui, selon lui, sont concomitantes à celles concernant les enjeux de société : “S’attaquer à la question de la prison, c’est aussi intégrer la question globale de la vie en société. Les délits sont des actes antisociaux, la société doit se donner les moyens d’accompagner les gens qui les commettent”.

J.P