Journal N°48 /
Aurélie et Thierry Longepé

Sans la voile, les chantiers d’insertion Voil’avenir n’existeraient pas. C’est autour de cette passion commune que les époux ont construit le projet qui leur a permis de prendre le large avec des jeunes en insertion.

Le récit de leur aventure pourrait commencer comme un conte de fée sans compter les vents contraires qui ont failli la faire tomber à l’eau. Seule leur ténacité et leur capacité à tenir le cap, quoiqu’il en coûte, auront permis de surmonter les difficultés et faire aboutir leur projet. “C’est notre bébé”, disent-ils d’une seule voix. Un bébé qui, selon eux “est passé de toute allure à l’adolescence et est déjà arrivé à l’âge adulte”.

Mais déroulons l’écheveau par le début et laissons les tisser eux-mêmes la trame de l’histoire de ce chantier d’insertion, destiné à mettre à l’eau des bateaux adaptés aux personnes handicapées en fauteuil roulant : “J’étais en reconversion professionnelle et Thierry a eu la bonne idée de vouloir faire naviguer des personnes handicapées”, commence Aurélie Longepé. “Ce que je faisais déjà au Grand-large, poursuit son mari. Mais le transfert des personnes du fauteuil au bateau posait problème. D’un point de vue du respect de ces personnes, mais aussi de l’optimisation du temps de navigation car cela prenait beaucoup de temps et il fallait des accompagnateurs. J’ai donc réfléchi et essayé de voir comment on pouvait faire”. Aurélie l’interrompt : “Et moi qui était en master économie sociale et solidaire, je n’ai toujours juré que par la notion de projets. Alors nous nous sommes dit, pourquoi ne pas faire des bateaux adaptés aux handicapés”, poursuivent-ils en cœur.

L’idée est lancée. Les voilà prêts à vaincre les tempêtes : “Nous avons été relativement fous et avons entraîné d’autres personnes dans notre folie”, s’amusent-ils. Les autres sont des décideurs et des élus de Vaulx-en-Velin, Meyzieu et Décines qui s’enthousiasment pour ce projet. “Il a fallu trouver un architecte. Le premier avec qui nous avons travaillé sur l’esquisse n’a pas compris. Nous avons cherché quelqu’un d’autre en catastrophe avant la réunion du comité de pilotage qui était prévue en janvier 2010. J’avais vu un reportage sur Marc Van Peteghem, le référent de l’architecture navale au niveau international. J’y suis allée au culot. Le 18 décembre, nous recevions un mail où il nous donnait son accord pour participer au projet”, s’enthousiasme Aurélie Longepé. Les voilà tous embarqués “pour le meilleur et pour le pire”. Déjà, d’autres projets sont en gestation pour les six mois à venir avec une dimension humanitaire supplémentaire : “Nous sommes dans l’expérimental avec l’utilisation des biomatériaux, notamment de la toile de jute, pour fabriquer de nouveaux bateaux. Et ceci, en lien avec l’association Watever de Marc Van Peteghem. Il travaille avec le Bangladesh qui maîtrise l’exploitation de la toile de jute”. Une aventure à suivre d’autant plus qu’elle permet déjà à six jeunes dont deux Vaudais de se former pendant six mois, de reprendre espoir pour trouver du travail ensuite, mais aussi de prendre la mer, condition sine qua non pour participer au chantier. “Nous avons tous navigué ensemble en pleine mer pendant une semaine. C’était une manière de prouver leur adhésion au projet et nous recommencerons à la fin du chantier pour faire le bilan”, commentent Thierry et Aurélie Longepé.

Jeanne Paillard

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