Journal N°49 /
Somia Benmammar

Passée par l’École de la deuxième chance, Somia, 27 ans, est sur le point d’entrer à l’école nationale d’architecture de Vaulx. Pourtant, il y a deux ans encore, elle ne possédait aucun diplôme reconnu.

Somia vivait à Damas, en Syrie, où elle a obtenu son Bac, et effectué deux années de médecine. Cette passionnée de photographie, d’équitation et de voyage, se marie ensuite avec un citoyen français.

Une fois installée en France, elle reste mère au foyer. Sans projet professionnel, elle consacre tout son temps à se préoccuper du bien-être des deux enfants à qui elle a donné vie durant son mariage. La seule difficulté qu’elle rencontre relève de son intégration, en ce qui concerne le mode de vie et la langue française. Quelques temps plus tard, elle finit par divorcer. C’est à ce moment qu’elle décide de reprendre le chemin des études. Somia se présente à l’Ecole de la deuxième chance (E2C) de Vaulx-en-Velin, dans le but de se remettre à niveau en français, puis elle intègre l’établissement le 16 avril 2010 avec le projet de devenir architecte d’intérieur. Cela sera déterminant. En même temps, elle passe son diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU) en cours du soir. Lors de sa formation à l’E2C, qui durera trente-cinq semaines, elle effectue plusieurs stages dans le domaine de la décoration d’intérieur, elle y découvre le monde professionnel dans une matière qui lui plaît. Ces stages se déroulent très bien, et lui sont très utiles : “J’ai beaucoup appris sur le métier, mais surtout sur moi-même”. A la fin de son parcours, la jeune Syrienne ne parvient pas à obtenir son DAEU, mais elle persévère et se représente l’année suivante, cette fois avec succès. “Je n’ai jamais baissé les bras, je n’ai jamais lâché l’affaire ! Les gens me disaient de redescendre sur terre mais je me suis motivée toute seule, je savais qu’en me donnant les moyens, je réussirais”, affirme-t-elle avec sérénité. Aujourd’hui, Somia a obtenu son diplôme de technicien en conception et dessin assistés par ordinateur (CAO-DAO). Résolue, elle s’apprête à intégrer l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Lyon. Un aboutissement plus qu’honorable : “La satisfaction est purement personnelle, j’ai obtenu ce que je voulais et j’en suis très fière. Oui, je pensais dès le début que cela était réalisable, j’y ai toujours cru fermement et cela a payé”. Et elle se dit reconnaissante envers ses anciens formateurs de l’E2C. “Un grand merci à eux, qui ont cru en moi et en mon projet”, confie-t-elle. Lançant un dernier conseil aux stagiaires de l’école : “Ne gâchez pas votre chance, l’E2C a beaucoup à apporter...”

Chamseddine Ouali