Journal N°49 /
Wilfried N’Sondé

Il est le premier auteur accueilli en résidence par l’association vaudaise Dans tous les sens. L’auteur franco-congolais installé à Berlin, est un amoureux du verbe, de la course à pieds et de la diversité. Il devrait multiplier les rencontres d’ici juin et commencer l’écriture de son quatrième roman.

Livre au creux des mains, ce prénom “Mireille”, qui danse sous nos yeux, l’on se remémore ses rondeurs dessinées par le timbre si particulier de Wilfried N’Sondé. Nous étions le 13 mars, au Grand café de la mairie, l’association Dans tous les sens présentait l’auteur qu’elle accueille en résidence jusqu’en juin. L’on entendait ce soir là pour la première fois cette voix, appuyant méticuleusement chaque syllabe, et surtout ce verbe. Tout aussi méticuleux. “Je veux écrire le plus joliment et le plus justement possible. Le lecteur ne doit pas s’ennuyer, cela me hante. Alors je dis le maximum de choses en un minimum de mots pour que cela percute”, confirme-t-il. Garder sous sa cravache littéraire le consentant lecteur. Captivé, capturé par les images de Wilfried, faisant écho à nos propres vies. Quand à 38 ans, à force d’expériences, il en peinturlure son rétroviseur. Né au Congo, il a grandi en Ile-de-France, avant de faire des études de droit et de sciences politiques à la Sorbonne, et de s’installer à Berlin il y a une vingtaine d’années. Il y fut travailleur social jusqu’en 2008. “Je suis d’ailleurs déjà venu à Vaulx-en-Velin, en 1996, avec un groupe de jeunes dans le cadre d’échanges internationaux”, fouille-t-il dans sa mémoire. Mireille est une des figures du premier roman de Wilfried N’Sondé “Le cœur des enfants léopards”. Un roman écrit sur le tard. Depuis longtemps auteur de chansons, il a un jour fait lire ses nouvelles à une amie qui fit le relais jusqu’aux éditions Actes sud. “Ils m’ont rapidement commandé un roman”. Plus d’un scribouilleur aux velléités d’auteur serait rageur : avant même de commencer son écriture, Wilfried N’Sondé était assuré de voir son premier roman publié par une prestigieuse maison d’édition. Nous sommes en 2007 et le succès est au rendez-vous. Adapté cinq fois au théâtre, il est même enseigné dans un lycée hollandais. Son troisième opus est sur le point de sortir.

Après une récente résidence de trois semaines en Haïti, il devrait jusqu’en juin multiplier les rencontres en milieu scolaire, dans les bibliothèques ou avec les associations. “Quand cela marche bien, on voyage beaucoup, on est pris en main et chouchouté. On peut très rapidement perdre le contact avec la vie réelle”, reconnaît-il. Enchaînant sur une pirouette : “Même si l’artiste doit assumer sa part d’égo démesuré”. Friand d’échanges, attaché à la diversité, il reste aussi persuadé que les jeunes vont aller à la littérature si elle s’intéresse à eux. Car l’écrit est une chose précieuse. Grand lecteur, passionné par la langue, il apprécie ceux, trop rares, qui allient forme et fond. Quitte à ce que ledit fond le défrise (performance). Wilfried évoque alors Camus, Céline ou Paul Claudel. L’aventure est soutenue par le Centre national du livre, la Direction régionale des affaires culturelles, la Ville de Vaulx-en-Velin et Villeurbanne Est habitat, qui met un studio à disposition de l’auteur. Un havre de paix pour rédiger son quatrième roman. “Il devrait suivre un jeune Vaudais qui part en 1989 voir ce qui se passe à Berlin”, projette-t-il. L’homme plein d’humour et de surprise court. Tous les jours. Une heure au petit matin. “Mon studio est très bien placé, pas loin du canal, c’est propice à l’activité sportive”, sourit-il. Pardon ? Vous voulez dire qu’un auteur n’est pas forcément un type persuadé qu’un ballon ne peut être que de rouge, ne voir que les bicyclettes bleues et devenir vert à l’idée de courir dans le but de... courir... “Cela peut paraître absurde. Mais c’est un défi, un but ultime à atteindre à chaque fois”, assure-t-il. Comme l’écriture...

Stéphane Legras

Une rencontre publique avec Wilfried N’Sondé est prévue le jeudi 24 mai à la bibliothèque Paul-Eluard, pôle culturel René-Carrier (55, rue de la République).

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