Journal N°50 /
Vincent Colin

Vincent Colin, à l’origine de la création du club d’échecs vaudais Avinkha, en est le responsable. Ce vaudais, natif d’Hanoï, aime transmettre sa passion tout comme l’avait fait avant lui son grand-père, à qui il souhaite rendre hommage.

“C’est une belle histoire. Je voulais dédier le tournoi que nous venons d’organiser sur la commune à mon grand-père qui m’a appris à jouer lorsque j’avais six ans”, commence Vincent Colin. La scène se passe à Hanoï dans les années 1970 : “C’est mon anniversaire et je suis triste car ma mère, danseuse, est partie en tournée. Mon père, ingénieur électricien, lui aussi, est en déplacement. Pour me consoler, mon grand-père me donne un jeu d’échecs et prononce ces paroles que je n’oublierai jamais : Ce jeu t’accompagnera toute ta vie”.

Le petit Vincent se plonge alors dans l’étude de la méthode que Siban Khuu, son grand-père lui a donnée : “Lors du premier tournoi du district, j’ai été sélectionné par un entraîneur. J’ai battu le champion grâce au livre de mon grand-père écrit en chinois ! En fait, nous sommes d’origine chinoise. J’étais un petit élève de CP qui a battu un élève de CM2. Ils étaient tous surpris. C’était en pleine guerre, ça tiraillait aux frontières entre la Chine et le Vietnam”.

Quelques années plus tard, toute la famille vient s’installer en France. Vincent a alors 11 ans et n’a pas perdu son intérêt pour les échecs. “J’ai fait le tour des clubs et j’ai été repéré par le club de Lyon olympique échecs”. De matchs en championnats, il devient animateur et consacre sa vie à sa passion : “J’ai un diplôme d’animateur de la Fédération française d’échecs et un diplôme d’arbitre. En 18 ans, j’ai eu le temps de faire beaucoup de choses”, livre-t-il. Vincent n’est porté par aucune ambition si ce n’est celle de transmettre sa ferveur pour ce sport. Le nom dont il a doté le club vaudais reflète bien son état d’esprit et l’importance qu’il accorde aux valeurs inhérentes à cette activité : “Pourquoi avoir choisi le nom Avinkha ? Voici l’explication : la lettre A, c’est l’amour du jeu, le V, c’est celui de vaudais, I, comme invaincu, après 20 matchs en trois ans, le club a été jusqu’à présent invincible, dit-il avec humour, mais ça peut changer bien-sûr. Le N, c’est celui de la nouveauté, car c’est le premier club d’échecs de Vaulx-en-Velin. K de king, le roi du jeu d’échecs, H pour le mot humilité, être humble, c’est très important. C’est toujours ce que je dis aux enfants et aussi qu’il faut être respectueux avec son adversaire. Le dernier A, c’est celui de l’amitié”.

Aujourd’hui Avinkha compte quarante-huit joueurs enfants et adultes. “80 % d’enfants et 25 % de filles avec des personnes issues de diverses nationalités. Le club est le reflet de la ville”, se réjouit le responsable. Il compte s’appuyer sur cette spécificité vaudaise pour renforcer son rayonnement et pourquoi pas imaginer des échanges avec les villes jumelées : “C’est un sport éducatif qui mérite d’être développé, d’autant qu’il est porteur d’une certaine philosophie. Mon grand-père me disait toujours que la façon de jouer aux échecs correspond à notre manière d’être dans la vie. Si on prend l’exemple du cavalier, c’est en soi une philosophie, il avance, il recule et il saute par dessus-tout. C’est comme le dicton reculer pour mieux sauter. C’est un jeu qui enseigne la prudence, l’anticipation. Combien de fois tout cela m’a-t-il servi dans la vie ! Ça aide les enfants à aller de l’avant et tout ce que je fais, c’est pour eux”, conclut-il.

Jeanne Paillard

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