Portraits / JOURNAL N°79 - mardi 01 octobre 2013

Mohamed Salem, éducateur sans frontières

ILS ÉTAIENT PETITS quand il les faisait jouer dans le cadre d’activités sportives extra-scolaires. Depuis 2006, Mohamed a quitté Vaulx-en- Velin pour Vaise, mais son cœur est resté ici. “Je fais toujours partie de Vaulx et de la Grapp’ ”, assure-t-il dans un large sourire.

Il a vu défiler toutes les catégories d’âge et continue d’entraîner les enfants et les jeunes de 7 à... 77 ans, comme Tintin. “Les mêmes règles s’appliquent à tous, explique-t-il, même si on galère parfois pour les faire comprendre et accepter aux plus jeunes”. Mohamed a suffisamment d’expérience des quartiers sensibles, de la Grappinière aux Minguettes, pour se faire respecter. Pour lui, l’autorité va de pair avec le respect mutuel, “au cœur de toute pratique éducative”. L’exemple qu’il véhicule, celui d’un homme bien dans sa peau et dans sa vie, influe sur le comportement des jeunes qu’il encadre.

A 44 ans, Mohamed parle avec l’expérience acquise au cours de sa propre jeunesse. Comme d’autres, il a connu le racisme ambiant, notamment à Villefranche-sur-Saône, où ses parents étaient installés. Comme d’autres, il a eu envie d’en découdre dans les bals ou dans la rue. Mais plutôt que de se laisser aller au ressentiment ou à la violence, il a appris à se maîtriser – le sport étant une bonne école dans ce domaine. Et puis, “je me suis rendu compte qu’il ne fallait pas juger les gens a priori. J’essaie de prendre ce qu’il y a de meilleur chez chacun, et de changer les mentalités”.

Ouverture d’esprit

Cette ouverture d’esprit se traduit dans le projet de service auprès des personnes âgées, qu’il vient de créer. C’est sa femme, aide-soignante, qui lui en a donné l’idée, en constatant le manque d’animations de qualité présentées aux anciens dans les maisons de retraite. Mohamed applique les mêmes principes pour tous, jeunes ou vieux. Le nom qu’il a donné à sa “petite entreprise” résume bien sa façon d’être et de penser, puisqu’ il l’a conçu comme un acrostiche, à partir d’initiales-clés : Abel, soit Accueil- Bienveillance-Ecoute-Liberté.

Abel donc, développe une offre d’animations ludiques auprès du troisième âge : cela va des jeux de psycho-motricité et d’adresse jusqu’à la confection de bouquets de fleurs, en passant par les jeux de rôle ou de culture générale.

Pour appuyer son entreprise, il a reçu un prix appréciable, celui de “la meilleure idée”, décerné par l’association Sport dans la ville, en partenariat avec l’EM Lyon business school, soutenu par la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon (CCI) et la fonda- tion Caisse d’Epargne.

Abel, cela signifie aussi : Animation, Bien-Etre, Loisirs. En bref, tout l’uni- vers de Mohamed Salem qui, durant l’été, assure la direction de camps de vacances à l’étranger, de la Grèce à l’Italie, en passant par le Mexique.

Françoise Kayser

Les enfants de la ville, surtout à la Grappinière, le reconnaissent et le saluent avec plaisir, même s’il ne les entraîne plus. Mohamed Salem est un éducateur sportif chevronné. 

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