Portraits / JOURNAL N°95 - lundi 02 juin 2014

Aziza Neddjar, Zaza des Grolières

PAS UN ÉVÉNEMENT ne se déroule aux Grolières sans qu’elle ne soit de la partie. Elle, c’est bien sûr Aziza Neddjar, mais tout le monde la surnomme Zaza. Zaza des Grolières. Pilier du quartier, mère de quatre garçons et d’une fille et grand-mère comblée par ses deux petits enfants, Zaza a posé ses valises dans ce quartier il y a bientôt 33 ans. Elle avait 23 ans et ne l’a plus jamais quitté. “On dit souvent que je suis la gendarmette des Grolières. Les enfants me craignent mais au fond, ils m’aiment bien !, plaisante la quinquagénaire qui, il faut l’avouer, donne parfois de la voix. On a la chance d’avoir une allée où règne le calme alors je ne supporte pas qu’on puisse la dégrader”.

 

“Elle est toujours partante”

Quand elle se balade aux abords du LCR, point de rencontre immanquable des associations et des habitants, Aziza a toujours un mot pour ses voisins et ses voisines. Elle les a vu grandir ou s’installer, en a emmené certains en vacances quand ils étaient enfants, a permis à d’autres de s’intégrer dans la vie locale. “Nous vivons dans un quartier particulièrement demandé. Les logements vides ne le restent jamais longtemps.” Qu’est ce qui fait cette alchimie si particulière ? Pour Zaza, ça ne fait aucun doute, c’est la convivialité. “Nous sommes riches aux Grolières. Riches de solidarité. Comme dans une grande famille, on sait se serrer les coudes quand certains ont du mal à finir le mois. Il faut venir faire un tour ici le soir. Tous les bancs sont occupés, tout le monde se parle, chacun prend des nouvelles de l’autre...”, souligne-t-elle.

Et elle n’y est pas pour rien. “Quand je suis arrivée, le quartier était assez dangereux. Petit à petit, j’ai commencé à m’impliquer dans la vie de mon allée. A quelques-unes, nous avons décidé de créer une association pour faire bouger les choses, établir du lien social, sortir les gens de chez eux, s’occuper un peu.” C’était à la fin des années 1990. Avec une dizaine de voisines, des mères, des grands-mères et des jeunes filles, elle fonde Thé à la menthe, dont elle est aujourd’hui encore la présidente. Ensemble, elles multiplient les excursions, les réunions festives et font vivre le LCR. Et lorsque Zaza assure que “si elle n’était pas là, pas grand chose ne se réaliserait” autour de chez elle, c’est en toute modestie. La fête de quartier, qui réunit beaucoup de personnes depuis quatre ans, en est l’exemple. Cette année, elle se déroulera le 20 juin, dans le parc qui jouxte le LCR.

 

Qui reprendra le flambeau ?

A la fois éducatrice, gardienne d’immeuble, assistante sociale, animatrice et “bénévole des HLM”, elle est l’interlocutrice privilégiée des acteurs de terrain, que ce soit ceux du Grand projet de Ville (GPV) ou de Médiactif. “Les Grolières, c’est Zaza. Elle est d’une grande aide pour nous et montre une réelle motivation. Elle est toujours partante pour faire des tas de choses, n’a pas peur d’essayer. Si tous les quartiers avaient quelqu’un comme Zaza, ils vivraient bien”, estime Ychem Sallouh, chargé de développement territorial pour la Grappinière, les Noirettes et les Grolières. Quand elle va mal, c’est en aidant les autres que Zaza puise sa force. “Je n’arrête jamais. Je suis même obligée de coller des post-it un peu partout chez moi pour n’oublier aucun rendez- vous. Mais j’aime tout ça. Je ne le fais pas pour gagner de l’argent, juste pour m’occuper et rendre les gens heureux. J’aime donner de mon temps à ceux qui en ont besoin.” Les années passant, une question la taraude tout de même : qui reprendra le flambeau ? “Cela me peine de voir que beaucoup d’habitants ont des demandes, mais que peu veulent s’investir. Si tout le monde mettait la main à la pâte, on pourrait faire des choses extra !”. 

M.K

Photo © Marion Parent 

Pétillante et énergique, Zaza est une figure incontournable du quartier des Grolières. A la fois éducatrice, gardienne d’immeuble, assistante sociale, animatrice et “bénévole des HLM”, elle est l’interlocutrice privilégiée des acteurs de terrain. 

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