Actualités / Sports - mardi 01 octobre 2013

La Diane vaudaise : le bonheur dans la nature

C’EST UNE FIERTÉ pour eux que d’appartenir à la plus ancienne association de la commune. Depuis 1906, les sociétaires de la Diane vaudaise arpentent les sentiers de la zone maraîchère, le fusil à l’épaule et l’œil à l’affût. Leur effectif est monté jusqu’à 360 chasseurs aux plus belles heures de l’association, il n’en reste plus que vingt. Moyenne d’âge : 61 ans.

Ce jeudi-là, ils sont cinq à s’être réunis, parmi lesquels le doyen Abdelkader, 86 ans, dont 60 ans passés à la chasse. Comme les autres, il est déçu de ne rien avoir levé, même pas le renard tant attendu ce jour-ci. Mais un renard, il en a quand même eu un il y a quelques jours. “Lui, je ne l’ai pas manqué”, plaisante-t-il.

Cette assemblée strictement masculine se retrouve les jeudis et dimanches, pour chasser faisans, perdrix, sangliers ou encore renards. Leur objectif, la plupart du temps, c’est de réguler la population de ces animaux, pour certains nuisibles pour les cultures. “Ces bêtes font des massacres et saccagent des champs entiers”, affirme Christian Verona qui vient de temps en temps dans son mirador pour sur- veiller l’étendue des dégâts causés par les sangliers. A ce titre, il considère son activité comme d’utilité publique. “Sans nous, la plupart des espèces n’existerait plus”, poursuit celui qui a “passé sa vie dans la mécanique mais n’est jamais aussi heureux que dans la nature”.

Un contact privilégié avec la nature

Ces promenades de santé hebdomadaires – car la chasse est un sport d’endurance et de stratégie – sont aussi l’occasion pour les compagnons de parler politique, économie, tracas de la vie et, surtout, se rappeler des vieux faits d’armes. Dans les années 70, ils ont retrouvé des nouveau-nés abandonnés, et plus récemment une panthère noire ou un chacal. “La chasse, ce n’est pas qu’un sport ou un loisir, c’est aussi un instinct ancestral. La question n’est pas de tuer un animal, c’est d’avoir un contact privilégié avec la nature”, confesse l’un d’eux.

Pas l’ombre d’un renard pendant cette battue. C’est à peine s’ils ont aperçu quelques lapins ou les traces d’un blaireau. Ils l’assurent : ils ne sont pas là pour tuer bêtement ou assouvir une soif de sang. “Celui qui est là pour ramener de quoi manger, il ferait mieux d’aller directement aux Halles”. Mais leur bon- heur est remis en question. Par leurs “bêtes noires“ d’abord : les pollueurs, les bureaucrates et le béton. Et puis, au fil des années, leur territoire de chasse s’est vu rapetisser de plus en plus. “On se sent comme les indiens d’Amérique, parqués dans un mouchoir de poche. Il faut s’attendre à ce qu’un jour, on n’ait plus le droit de chasser du tout”, prévienent les sociétaires vaudais en montrant leur “frontière naturelle”, la rocade.

Maxence Knepper

 

 

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