Archives / Journal N°49 - mardi 03 avril 2012

Un vœu sur la situation des Roms au conseil municipal

Lors du conseil municipal du 23 mars, le vœu émis par le groupe des élus du Front de gauche et de Lutte ouvrière par rapport à la présence de familles roms dans un squat basé avenue Grandclément au Pont des Planches, a été voté à l’unanimité. Il a pourtant été beaucoup discuté. Dans ce vœu, les élus ont exprimé leur inquiétude et leur indignation face à la situation insupportable vécue par ces familles “dans un site industriel désaffecté, dans des conditions totalement inhumaines”. Les élus y dénoncent, “l’inertie des pouvoirs directement responsables : l’Etat et l’Union européenne. La Ville fait appel, comme bien d’autres villes, à ces deux instances de pouvoir pour qu’elles assument leur responsabilités”.

Un vœu qui semble rester lettre morte puisque, regrettent les élus, “du côté de l’Etat, l’absence de volonté de traiter le problème et son aggravation par la stigmatisation des Roms dans le discours officiel du chef de l’Etat à Grenoble pendant l’été 2010, se traduit par le refus du préfet de réunir de façon contraignante autour d’une table, tous les acteurs qui pourraient se coordonner pour trouver des solutions pour quelques centaines de personnes sur une agglomération de 1,2 million d’habitants”. Et de renouveler leur requête, à la suite des nombreuses demandes du maire d’organiser cette table ronde.

Le vœu évoque également les directives européennes censées protéger le statut de ces familles issues des pays rentrés récemment dans l’Union européenne et soumises aux lois de mobilité réservées à ces pays : “Nous rappelons que le 9 septembre 2010, le Parlement européen a réclamé la suspension des retours forcés, contraires au droit communautaire et a adopté une résolution dans laquelle il presse la France de suspendre sur le champ les expulsions de Roms. Il confirmait ainsi la déclaration de l’Onu du 27 août 2010 demandant à la France de garantir l’accès des Roms à l’éducation, à la santé, au logement et autres infrastructures temporaires dans le respect du principe d’égalité”. Au nom du groupe Réussir ensemble Vaulx-en-Velin (Revv), Philippe Moine se disait “au regret de constater que vous souhaitez politiser le problème, alors que depuis quinze jours, les habitants vous demandent de résoudre des problèmes très concrets. Vous êtes comptable de la sécurité et de la salubrité publique sur le territoire. Il ne faut pas laisser pourrir la situation sur le quartier”, ajoutait-il à l’adresse du maire. Hélène Geoffroy, du Parti socialiste, regrettait “que la municipalité ne fasse qu’un vœu. Nous n’avons pas vocation à dénoncer les choses, nous aurions aimé voir ce à quoi s’engagent les élus, ce que nous faisons immédiatement pour apaiser la situation et améliorer la qualité de vie des Roms”.

Pour leur répondre, le maire Bernard Genin rappelait ce qui a déjà été fait, bien avant que les Roms ne s’installent au Pont des Planches : “Certains d’entre eux sont présents à Vaulx depuis sept mois. Heureusement que depuis sept mois des associations, des Vaudaises et des Vaudais ont fait preuve de solidarité avec l’aide de la Ville. Nous avions, avant l’incendie du squat chemin du Catupolan, réglé certains problèmes comme la mise en place d’une benne à ordure, l’ouverture du gymnase Croizat pour les douches... Vous nous dites que leur présence au Pont des Planches pose problème aux habitants, mais au Sud il y avait aussi des habitants, notamment ceux des Grandes cités Tase. Est-ce à dire qu’ils ne valent pas tout autant que ceux du Pont des Planches ?”. En attendant la décision de justice, un point d’eau a été ouvert place Roger-Laurent, les sanitaires ont été remis en fonction et une benne à ordure a de nouveau été installée.

Et le maire d’ajouter que le souhait de la Ville n’est pas d’installer un quat à Vaulx-en-Velin, mais de mettre la question humaine au cœur de la réflexion : “Il faut étudier la possibilité de créer des aires d’accueil sur l’agglomération, il faut une réponse collective et tant que cette question ne sera pas réglée au niveau national et européen, les squats indignes continueront d’exister, le problème sera déplacé mais pas résolu”.

J.P et E.G

Jean-François Carenco, préfet de région : “les Roms, une question qu’on peut gérer, pas régler”

Présent à Vaulx-en-Velin pour la signature de l’avenant expérimental du Contrat urbain de cohésion sociale, le préfet de région, Jean- François Carenco a abordé la question de la présence des Roms à Vaulx et dans l’agglomération. “C’est un sujet d’une extrême difficulté pour un préfet. Tous ceux qui disent que c’est une question qu’on règle se trompent, on ne règle pas les questions humaines, ce sont des questions qu’on gère”. Et de condamner les actes de malveillance qui ont eu lieu contre le squat avenue Grandclément : “Ce n’est pas parce qu’on est à Vaulx-en-Velin qu’on peut agresser les gens, quel que soit leur mode de vie”. Mais sur le fond, et notamment le vœu présenté au conseil municipal, le préfet intime : “Arrêtons de gérer tout cela publiquement”. Quand le maire demande au contraire que le débat soit porté publiquement afin d’y apporter une réponse collective.

E.G

En attendant la décision de justice d’expulser les Roms qui squattent au Pont des Planches, la Ville a pris des mesures pour assurer un minimum d’hygiène. Mais même s’ils sont expulsés, la situation ne sera pas réglée sur le fond et les élus de la majorité municipale ont présenté un vœu pour dénoncer l’inertie de l’Etat et de l’Union européenne.

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