Archives / Journal N°36 - mardi 20 septembre 2011

Le Japon entre à la Tase

“C’est un retour d’ascenseur vis à vis du Japon qui a aidé l’Europe à surmonter sa crise du textile lors de l’épidémie qui a détruit les vers à soie au 19e siècle”, explique Isabelle Moulin, directrice artistique du projet Silk me back. “Aujourd’hui, ce pays traverse une période difficile et notre association a décidé de lui venir en aide par le biais d’un événement artistique”.

La vente d’une collection de kimonos et de yukatas conçus en pièces uniques ou séries limitées devra permettre de réaliser des bénéfices qui seront versés au Japon pour lui venir en aide. “Nous avons sollicité des artistes pour produire des œuvres symbolisant les influences réciproques entre nos deux pays”, note Isabelle Moulin. Un kimono de Frédéric-Jacques Huet est visible à la Tase dans le cadre de l’exposition Friche en œuvre. L’ensemble de la collection sera ensuite exposé au musée des Tissus, puis dans d’autres lieux et notamment au Japon avant sa vente. Les liens historiques entre la France et le Japon et plus précisemment, ceux entre l’usine Tase, les soieries Bonnet et la filature de Tomioka au Japon, seront évoqués lors d’une conférence le 23 septembre à l’usine Tase à 14h30. “L’histoire sera abordée sous l’angle des usines Pensionnat. Après la première guerre mondiale, les ingénieurs sont allés recruter des jeunes filles dans les campagnes en Italie, en Espagne et dans les pays de l’Est pour les faire travailler à l’usine Tase. Elles logeaient sur place encadrées par des sœurs”, relate Isabelle Moulin. Un récit recueilli dans le livre de Ghislaine Chassine et dont des extraits seront lus par Mohammed El Amraoui, écrivain. Jocelyne Béard, de l’association partenaire Vive la Tase et Nathalie Foron-Dauphin, responsable de la mission d’inventaire aux soieries Bonnet, se joindront à lui, pour animer la conférence.

J.P

Contact : Silk me back, 6 rue de la Favorite. Lyon 5e. Tél. 06 64 12 42 85. silkmeback.blogspot.com

Une nouvelle vie pour l’usine

L’usine Tase qui compte parmi les premiers sites d’industrialisation de la soie artificielle (1) est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 25 mai dernier. Les associations Vive la Tase et Silk me back ont fêté l’événement le 15 septembre, en présence notamment d’Alain Lombard, directeur des affaires culturelles Rhône-Alpes, Jean-Jacques Queyranne, président de la Région, Nassreddine Hassani, conseiller municipal délégué à la Culture, à la Vie associative et aux Fêtes. Alain Lombard d’évoquer le temps écoulé depuis la demande de classement en urgence en 2007. En expliquant que le classement de ce patrimoine devait aller de pair avec un projet de réutilisation. Projet désormais porté par Bouwfonds Marignan qui vient de démarrer le chantier.

L’avenir du bâtiment est en jeu. Certains voudraient en faire un lieu culturel, un objet actif de la création contemporaine, mettre l’art au cœur de la cité ouvrière. L’exposition Friche en œuvre présentant des travaux de Frédéric-Jacques Huet et Julien Morel, deux artistes stéphanois, comme l’installation d’œuvres de la biennale d’art contemporain dans l’aile est de l’usine, montrent combien le lieu s’y prêterait. D’autres voudraient y abriter la mémoire collective de ceux qui ont fait la Tase. Pour Nassreddine Hassani une chose est sûre : “L’avenir d’un tel site dépend de l’implication des citoyens”.

(1) En 1923, le groupe Gillet décide de créer la Société de soie artificielle du sud-est (Sase) à Vaulx-en-Velin pour exploiter le procédé de fabrication de la viscose. L’usine est bâtie par la société Desseux et Alexandre. Autour d’elle, se construisent les cités ouvrières, une chapelle, un foyer de jeunes travailleuses... En 1925, la Sase emploie 1000 ouvriers. Ils sont près de 3000 à la fin des années 20. En 1935, cette société devient la Tase (Textile artificiel du Sud-Est).

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