Archives / Journal N°42 - mardi 20 décembre 2011

Tournée, contrats et subventions : vital travail de l’ombre

Sans elle, personne ne jouerait les Tartuffe, ne ferait croire à Orgon et aux spectateurs de Chaplin qu’il est le plus scrupuleux des dévots, après avoir mangé léger dans sa loge, lové dans un costume impeccablement ourlé par une artiste de l’aiguille, l’esprit libre de toute contingence administrative. Non que le quotidien d’un acteur, au statut précaire d’intermittent du spectacle, soit un doux rêve éveillé, mais ceux de Tartuffe 2012, présenté du 18 au 27 janvier en centre culturel par le Lucathéâtre, dans le cadre de sa résidence à Vaulx, sont aux petits soins de Cécile Barthomeuf. Magicienne de l’ombre, discrète petite main de la paperasse, l’administratrice de la compagnie fait figure de galérienne consentante des tâches ingrates et rébarbatives. Tout commence par le nerf de la guerre : l’argent. Dès le début du projet, cochon tirelire sous le bras, elle fait le tour des partenaires en quête de subventions.

Le budget de Tartuffe 2012 se monte à 150 000 euros, glanés auprès de la Région, de la Ville, à travers bien sûr le centre Chaplin. “Sans oublier le dispositif Politique de la ville qui nous permet de mettre en place différentes interventions en milieu scolaire”, ajoute Cécile Barthomeuf. Interventions qui devraient se multiplier dans les prochaines semaines, puisque le spectacle cartonne auprès des lycées et que Laurent Vercelletto tient à ce que chaque classe rencontre un membre de l’équipe.

Enumérer toutes les tâches administratives qui lui échoient tient d’un inventaire à la Prévert d’une poésie toute particulière. “Nous employons une vingtaine d’intermittents. Les techniciens et comédiens n’ont pas les mêmes contrats, qui doivent être établis pour chaque période de travail et complétés de multiples documents”, liste Cécile. L’industrie papetière est ravie. Autre affriolante mais incontournable mission : effectuer les versements à l’Urssaf et Pôle emploi, et chaque trimestre payer les charges sociales. “Nous sommes une association, mais fonctionnons comme une petite entreprise. Je veille à ce que nous ne soyons pas dans le rouge et règle les factures”, poursuit Cécile. Qui donne aussi dans la communication, s’assurant que tous les logos nécessaires figurent sur l’affiche et organisant la seconde vie de cette création. “J’ai négocié les contrats avec les cinq théâtres qui vont nous accueillir en 2012, faisant coïncider leurs agendas avec ceux des comédiens et vais tenter de faire venir d’autres programmateurs pour faire connaître notre création”, enchaîne-t-elle.

Pas toujours palpitant mais l’occasion pour cette trentenaire littéraire pur jus de vivre au sein d’une compagnie de théâtre. Présente aux répétitions, elle assiste aux représentations. “Laurent me fait confiance. Quand quelque chose ne va pas il me sollicite”, avoue cette dingue de théâtre et de lecture. Menue, douce, elle se fait alors ferme en affirmant que le théâtre “se joue mais ne se lit pas !”. On la croit ici sur parole. Beaucoup moins lorsqu’il s’agit de lui tirer le portrait. Son sens de la photogénie étant alors discutable. Cela dit sans offense.

Stéphane Legras

En parallèle de la construction artistique du Tartuffe 2012 de Laurent Vercelletto, en janvier à Chaplin, Cécile Barthomeuf, administratrice de sa compagnie agit loin des projecteurs. Elle est en charge de tous les aspects administratifs. Ingrat parfois, passionnant souvent, elle accompagne au plus près cette vie de théâtre.

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