Archives / Journal N°39 - lundi 31 octobre 2011

“Aller à l’encontre des idées reçues sur les jeunes !”

D’un cliché faire une boulette et la jeter d’une pichenette dans la première poubelle venue. Impossible quand il s’agit d’une image forgée depuis des années par les médias. En revanche, les sciences humaines... Francesca Quercia, étudiante italienne a toujours voulu briser les clichés véhiculés sur les “jeunes de banlieue”. Inscrite en master 1 et 2 de sciences politiques à Lyon, elle a rencontré de jeunes vaudais issus de l’immigration pour son mémoire de fin d’études. De décembre 2009 à juin 2011, elle a mené des dizaines d’entretiens, identifiant quatre groupes.

Tout d’abord, les jeunes pour qui le clivage territorial et ethnique est très important. “Dans leur discours, il y a une dichotomie entre les jeunes des quartiers et les riches blancs. Ils sont généralement d’origine très modeste, inactifs ou en échec scolaire, donc le quartier a une grosse importance car ils n’en bougent pas”, explique Francesca Quercia. Qui a ensuite identifié les jeunes qui se placent en opposition à ces derniers et qu’ils estiment responsables de l’image négative qui leur est accolée. “Image quasiment source de leurs échecs notamment scolaires. Il sont d’origine plus aisée et sont scolarisés hors de Vaulx”, complète-t-elle. Le troisième groupe, très modeste, parvient à progresser socialement. Ils ont réussi leurs études mais ne s’opposent pas aux premiers cités. “Ils estiment subir les mêmes discriminations mais avoir eu plus de chance. Du coup, ils les aident, en faisant par exemple du soutien scolaire. Ils sont dans une logique de solidarité”, confirme la chercheuse. Enfin, la dernière catégorie ne fait pas référence à ses origines mais les considère comme un élément de richesse. “Généralement Africains ou Asiatiques, ils n’entrent pas dans le stéréotype du jeune de banlieue revendiquant ses origines maghrébines”, a-t- elle noté.

La deuxième étape du travail de Francesca Quercia l’a menée à la mission locale. “A travers cet exemple, je désirais savoir si ce que j’avais observé rejaillissait sur les institutions”. Visiblement, les jeunes vaudais ont une image très positive de cette structure, même s’ils ne la fréquentent pas. Certains notamment parce que leur niveau d’études est trop élevé. L’étudiante a séparé les usagers en deux parties. D’une part, ceux qui fréquentent la mission locale régulièrement et rencontrent leur conseiller de façon normale et naturelle. Mais surtout, ceux qui ne s’accommodent pas des règles et du formalisme du dispositif. Ne voyant jamais leur conseiller, ne profitant pas de l’offre de la mission locale, elle reste un lieu de socialisation important. “Elle a un rôle charnière, d’autant que ces jeunes profitent tout de même de l’espace emploi en recherchant du travail sur ordinateur”, souligne Francesca, qui y voit une utilisation informelle de la Mission locale, loin d’une reproduction de l’école. Mais de regretter : “Ils trouveront malheureusement plus rarement du travail”. Au fil de son étude, cette Italienne des Abruses s’est passionnée pour Vaulx-en-Velin et notamment son effervescence. Quant à son futur doctorat, pour lequel elle a réussi à trouver des financements, il devrait prendre la culture pour sujet.

S.L

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