Archives / Journal N°45 - mardi 31 janvier 2012

Capturer des images grâce au sténope

“Lorsque l’on m’a dit que nous allions faire des photos sans appareil photos, j’ai été fascinée”, relate Kahina, une des élèves de l’atelier photos du collège Duclos. Kevin, lui a voulu percer le mystère : “Il faut que je vois ça, il me faut une preuve”. La preuve que l’on peut faire des photos originales et artistiques sans appareil est bien concrète : un certain nombre des images réalisées par les élèves sont déjà consignées dans un livret de présentation de l’atelier, d’autres sont à venir et tout ce travail devrait faire l’objet d’une exposition dont le lieu et la date restent à déterminer.

Le procédé est simple et pourrait paraître archaïque pour les fans du numérique et des nouvelles technologies : il suffit de se munir d’une boîte quelconque, petite, grande, ronde, carrée ou rectangulaire dotée d’un couvercle, de peindre l’intérieur en noir, de découper délicatement une petite partie de cette boîte et de fixer une feuille d’aluminium sur cette partie mise à nu, de percer un trou minuscule sur cette fine feuille. Le trou est ensuite protégé par un bout de carton amovible, et le tour est presque joué, il ne reste plus qu’à introduire dans la boîte du papier photo : “C’est le principe du sténopé”, explique Julien Minard, l’enseignant qui a monté cet atelier photos. Les élèves partent ensuite en expédition à l’extérieur de l’établissement, car ce système nécessite une lumière extérieure. Munis de leur boîte, ils se mettent en quête d’emprisonner, non pas des sauterelles, mais des images. Tout peut être capté dans la boîte et les élèves expérimentent une pratique qui développe non seulement leur sens de l’observation, mais aussi leur sens artistique. “J’ai découvert que dans mon quartier, il y avait autrefois une église”, note Kevin. Le professeur d’arts plastiques précise que le quartier de La Soie est particulièrement propice à cette expérimentation artistique : “Entre son passé et ses transformations, il y a une matière intéressante”.

L’expérience ne s’arrête pas à la captation d’images. De retour au collège, les élèves transforment la salle d’arts plastiques en laboratoire, chacun connaît son rôle et prend très au sérieux sa mission, dans le calme. Les photos sont alors trempées dans les différents bacs pour être développées et le résultat est surprenant. Ce projet s’inscrit dans le Contrat éducatif local “ce qui nous permet de travailler avec Nicolas Brasseur, qui apporte son regard de photographe professionnel. Il nous aide pour la technique, les cadrages”, précise l’enseignant.

Jeanne Paillard