Archives / Journal N°46 - mardi 14 février 2012

La colère monte dans les écoles vaudaises

Cent-quatre-vingt personnes présentes lors de l’assemblée générale du 7 février et 70 % de grévistes dans les écoles vaudaises : “Du jamais vu !”, lance-t-on dans l’assemblée qui réunit parents et enseignants, venus occuper les locaux de l’Inspection académique (IA) de circonscription de Vaulx-en-Velin, basés à l’école Courcelles. “Ce qui se passe actuellement est inadmissible. On n’arrête pas de supprimer des postes et surtout les postes Rased (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté). On en a ras le bol ! A l’école Vilar, depuis décembre, il y a eu six remplaçants en CP. Les enfants sont perdus, pour eux c’est difficile”, s’insurgent des parents d’élèves de l’école. Ils relaient le discours des enseignants grévistes qui appellent “à la mobilisation pour sauver l’éducation prioritaire et à suivre la prochaine grève qui aura lieu le 12 mars au niveau départemental. Nous avons décidé le blocage des projets d’écoles en attendant la réponse de l’Inspection d’académie sur la sauvegarde des postes Rased et Rep (réseau d’éducation prioritaire) et aussi des Clin (Classe d’initiation pour non-francophones)”. Le 2 février, c’était les enseignants du lycée Les Canuts qui, excédés par la diminution de la dotation horaires globale, se mettaient en grève à 80 % et exigeaient du rectorat vingt-deux heures supplémentaires pour assurer un enseignement normal. “Une demande restée lettre morte”, regrettent-ils en appelant à poursuivre la mobilisation.

La colère monte. Parents et enseignants refusent que l’on prive les enfants des quartiers classés en zone prioritaire des moyens pour leur offrir les mêmes chances de réussite qu’aux autres : “C’est l’avenir de nos gosses qui est en jeu. Si on leur enlève le peu d’outils qu’ils ont, c’est fichu pour nos gamins”, s’insurge Fatima Kebbouche, parent d’élève. “Nous restons vigilants et on tient à vous avertir qu’on ne laissera rien passer”, lançait Morad Aggoun à l’encontre des deux inspecteurs de l’Education nationale, contraints au dialogue avec l’ensemble des personnes mobilisées. L’Inspection académique doit trouver des solutions pour faire face aux 2200 inscriptions supplémentaires prévues dans les écoles du Rhône à la rentrée prochaine alors que, dans le même temps, le gouvernement enchaîne les suppressions de postes. “Nous sommes dans des hypothèses de travail et nous réfléchissons à un redéploiement des postes en surnuméraire selon un principe de solidarité”, se sont défendus les représentants de l’IA. Le message est très mal passé, d’autant plus qu’il a été repris par l’Inspecteur d’académie lors de l’entrevue qu’il a accordée à une délégation d’enseignants : “Nous assistons à un dialogue de sourds. Il n’y aura pas de création de postes d’enseignants. Ils vont en prendre là où ils peuvent et nous allons perdre trois postes”, résume Frédéric Piret, le directeur de l’école Jean-Vilar. Le maire, Bernard Genin et son adjointe chargée de l’Education, Marie-France Vieux-Marcaud, ont exprimé leur soutien à ce mouvement de protestation. Qui est, pour Marie-France Vieux-Marcaud “à la hauteur des coups portés au service public de l’Education nationale. Vaulx-en-Velin est une ville où la mobilisation des enseignants et des parents a permis, jusqu’à aujourd’hui, d’éviter le pire”, poursuit-elle. A l’instar des enseignants, elle déplore un discours culpabilisant autour de la solidarité qui laisserait entendre que Vaulx-en-Velin est mieux dotée que les autres villes du département : “On ne bénéficie pas d’un traitement particulier, on ne vole de postes à personne, nous sommes dans le cadre des dispositifs. Les moyens dont nous disposons sont indispensables et quand les gens se battent pour les maintenir, nous ne pouvons qu’être d’accord”.

Jeanne Paillard

Grève nationale le 12 mars

Huit syndicats d’enseignants(1) ont appelé les collèges et lycées à une journée nationale de grève et de manifestations, lundi 12 mars, pour protester contre les réformes dans l’Education, a annoncé l'intersyndicale. Laquelle s’oppose aux conditions dans lesquelles va s'effectuer la rentrée, en raison des coupes budgétaires et des suppressions de postes, à la réforme du lycée et aux conditions d'accueil des futurs lauréats des concours enseignants à la rentrée.

(1) L'intersyndicale comprend, outre le Snes-FSU, les organisations Snalc-Csen, Snep-FSU, Snetap-FSU, SNFOLC, CGT Educ'action, Sud Education, et SNCL-FAEN.

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