Archives / Journal N°47 - mardi 06 mars 2012

A Vaulx jazz fête ses 25 ans !

Depuis quelques semaines, des guitaristes, trombonistes et soubassophonistes errent en ville. Errent ? Evoquons plutôt des pèlerins musiciens portant la bonne parole du jazz. Celle qui investira la scène du centre culturel Charlie-Chaplin du 9 au 24 mars, pour la 25e édition du festival A Vaulx Jazz. Un anniversaire dont les festivités ont donc déjà commencé avec ses actions auprès des publics et ses rendez-vous Hors les murs. Concerts dans les rues, ateliers ou même concours de soupe et toujours le même credo : faire découvrir et partager cette musique de liberté qui n’a rien de compliqué. “Tournée vers l’avenir, elle permet toutes les audaces et a influencé tant de styles”, souligne Thierry Serrano, le directeur du festival.

Que seraient en effet le R’n’B sans la soul qui n’aurait peut-être vu le jour sans le blues et son rejeton, le jazz ? Egrainer la programmation du centre Charlie-Chaplin suffit à s’en convaincre. Comme le veut la tradition, elle débute (le 9) par le concert jeune public qui rassemble près de mille écoliers vaudais. Place ensuite au tremplin régional jazz(s)RA (13 et 14). Six groupes se confrontent sur deux soirs, entre jazz classique, contemporain et même psychobilly. A noter la présence d’un jury jeunes regroupant des collégiens de Lyon, Saint-Fons, Francheville et d’Henri-Barbusse.

Soirée des contrastes le 15, avec Anne Ducros accompagnée par la maîtrise de la Loire et les élèves du conservatoire de Vaulx pour une sélection de compositions originales et de standards harmonisés pour l’occasion. Ils sont suivis par quatre londoniens à la réputation croissante. Portico quartet distille une musique hypnotique, aux multiples influences et au bientôt légendaire Hang, instrument de percussion récemment créé en Suisse... De là, décollons pour New-York, avec la double affiche du lendemain (le 16). Où l’on retrouve le jeune trompettiste Ambrose Akinmus, inspiré et humble qui se veut au service de la beauté et Jason Moran and The big bandwagon dans un hommage à Thelonious Monk, reposant notamment sur la projection d’archives vidéos inouïes du mythique pianiste. La touche suivante est une autre tradition d’ouverture, aux musiques actuelles. Une soirée cette année en forme de soutien à l’association lyonnaise Grrrnd zéro.

Orientation contemporaine ensuite avec le programme 3X3 (le 20). Si l’on retrouve Trio enchant(i)er, dernier lauréat du tremplin jazz(s)RA en ouverture, Joëlle Léandre, contrebassiste et improvisatrice, accompagnée de Nicole Mitchell et Raymond Strid invite à fouler un monde cinglant et flottant. Avant-gardiste et audacieux. Troisième trio, Agusti Fernandez, Barry Guy et Ramon Lopez, s’aventure en terres hispanisantes, armé de compositions excentriques et aériennes. Métissage encore pour la soirée du 21. Moyen-Orient, tango ou chanson Yiddish, Gilad Atzmon, à la tête du Orient house ensemble se définit par le prometteur slogan : “Wagner disait des juifs qu’ils empruntent toujours à leur pays d’accueil. Après tout, je suis peut-être un juif wagnérien !”.

Incursion ensuite en terres mi-funky mi-klezmer avec Abraham Inc, la réunion de David Krakauer, Fred Wesley et Socolled. Nous en venons ensuite au régional de l’étape, Louis Sclavis, qui pour les amateurs de potins fut camarade de classe de Thierry Serrano. Il propose cette année de revisiter le répertoire de son trio Atlas en compagnie du percussionniste iranien Keyvan Chemirani très inspiré par l’Inde. Avant que le célèbre guitariste New-Yorkais Marc Ribot (il a collaboré avec Chuck Berry, Norah Jones, Bashung ou Tricky), n’explore les quarante premières années du jazz et du blues. Blues qui a cette année encore sa fiesta (le 23). Avec d’une part Sista Monica, toute en gospel, rondeurs, et puissance. Suivie par Zac Harmon, un colosse, qui ne manque jamais de rendre hommage à ses inspirateurs : Albert King, Jimi Hendrix ou Muddy Waters. Tout cela pour en arriver à une clôture en apothéose. Alléchante. Et pas seulement parce que Pierrick Pédron a composé la bande originale d’un film imaginaire retraçant la journée d’une majorette ! Mais aussi parce qu’Eddie Palmieri convoque jazz et salsa pour une bacchanale finale aux chorus libres comme le bâton virevoltant de nos danseuses de parade...

Stéphane Legras

Prélude Hors les murs

Investir les quartiers, faire descendre le jazz dans la rue et sonner la convivialité, tels sont les principes des rendez-vous Hors les murs du festival. Depuis le 28 février et jusqu’au 15 mars (programme page 10), de nombreux orchestres se produisent au conservatoire, au Mas du Taureau ou encore à la MJC. Autant d’occasions de faire découvrir le jazz au plus grand nombre. Des ateliers, de fabrication d’instruments par exemple, ont été proposés, parfois en lien avec les centres sociaux. Le 29 février, esplanade Jacques-Duclos, le concert klezmer des Canards en fanfare s’est doublé d’un concours de soupe (photo). Franc succès : treize maîtres soupiers (habitants, associations et même l’école de la 2e chance) ont fait découvrir leurs recettes aux spectateurs. La cuillère d’or est revenue au minestrone des Petits frères des pauvres.

Cycle cinéma

La tradition est plus jeune, mais maintenant bien ancrée. A l’occasion du festival, le cinéma Pathé Carré de Soie propose un cycle jazz et cinéma. Quatre films sont repris du 11 au 20 mars. Michel Petrucciani, de Michel Radford, évoque le parcours hors du commun du défunt pianiste quand Jazz mix in New-York donne à voir et entendre huit concerts de huit groupes actuels de la Grosse Pomme dans huit clubs de Manhattan. Avec l’œuvre d’animation Chico et Rita, on suit l’histoire d’amour de Chico, jeune pianiste talentueux et Rita, chanteuse à la voix captivante. Enfin Kansas City de Robert Altman est une plongée dans les années 30, entre musique, prohibitions, gangsters et politiciens véreux. Pour les projections en soirée, le film sera précédé à 19h30 d’une présentation et un mini-concert sera proposé dans le cinéma le lundi 19 mars à 19h30. Vaulx-en-Velin Journal vous a réservé dix invitations valables pour deux personnes, à retirer dans nos locaux du 62, rue Emile-Zola.

Horaires, réservations et tarifs au 0 892 696 696. www.cinemasgaumontpathe.com, tarif unique de 3,5 euros.

A l’école du jazz

“Le jazz c’est fait pour les spécialistes...” Eh bien laisse moi te dire mon lapin que certains spécialistes du jazz n’ont pas dix ans ! Depuis toujours les équipes du festival A Vaulx jazz se font les ardents promoteurs de ce style pas si inaccessible en multipliant les actions de sensibilisation. Ainsi cette année, ont-il lancé un rallye avec huit classes de la commune, en lien avec le service Education de la Ville et les conseillers pédagogiques de la circonscription. Lancé en novembre, il se terminera en mai par une grande finale. Entre temps, ils auront découvert dans leurs classes l’histoire du jazz tout en poursuivant des buts plus larges. Reconnaître une œuvre et la critiquer en argumentant par exemple, histoire de bosser la musique, l’histoire de l’art ou la littérature. Les participants au rallye, issus de quatre écoles, assisteront bien sûr au concert jeune public du 9 mars. A noter que d’année en année les actions scolaires portent leurs fruits, notamment auprès des enseignants, de plus en plus concernés, investis et passionnés. Comme à l’école Anatole-France, où un projet jazz a été mené tout au long de l’année. Et bien sûr leur concert de fin d’année scolaire en sera inspiré. Le projet s’est articulé autour des arts plastiques et des affiches du festival, réalisées par Bruno Théry à partir de sculptures prises ensuite en photo. C’est donc exactement le même procédé que ces artistes en herbe on suivi. Leurs œuvres devraient être exposées à partir du 9 mars à l’Hôtel de ville, l’occasion de vérifier que les élèves ont bien dépassé le maître.

Tout ce travail est également mené en lien avec le conservatoire de Vaulx. Dont des jeunes élèves participent à la création d’Anne Ducros avec la maîtrise de la Loire, dévoilée à Chaplin le 15 mars. Un chœur d’une dizaine d’enfants qui va pour la première fois participer à un tel projet. De son côté le département musiques actuelles a mis en place des master-class, notamment avec Félicien Bouchot, du big band Bigre !, autour du sound painting. Et pour terminer sur une note plus studieuse, signalons la rencontre du 14 mars, à 13h30 à l’amphithéâtre du lycée Robert-Doisneau autour du thème “Jazz et politiques culturelles territoriales”.

Musiques actuelles militantes

Grrrnd Zero : nom prédestiné ? L’association lyonnaise qui s’est spécialisée dans la défense des musiques actuelles alternatives, notamment en organisant des concerts, est en effet malheureusement en danger. Elle est notamment menacée d’expulsion du bâtiment public qu’elle occupe depuis 2005. La soirée qu’elle programme, le samedi 17 mars, est donc l’occasion de marquer son soutien en se délectant de sons atypiques. Les Lyonnais de Direction survet ouvrent le bal des décibels avec leur rock progressif teinté d’électronique. Place ensuite à Keiji Haïno à la performance quasi cérémoniale. Un Japonais parfois bruitiste, tantôt minimaliste, toujours déroutant... La fête se termine en Afrique, avec Konono N°1. Ou un orchestre de percussions électrifiées, entre fracas urbain, électronique et tradition ancestrale.

Le programme à Chaplin

Les concerts de la scène centrale du festival sont tous prévus à 20h30, à part le spectacle jeune public. Sa cafétéria accueille chaque jour des apéros jazz à 19h30.

● Vendredi 9 mars à 14h30, Le facteur idéal du cheval palais.

● Mardi 13 et mercredi 14 mars, tremplin régional jazz(s)RA.

● Jeudi 15 mars, Anne Ducros “Ella Fitzgerald” / Portico quartet.

● Vendredi 16 mars, soirée New-York, Ambrose Akinmusire / Jason Moran et The big bandwagon.

● Samedi 17 mars, soirée musiques actuelles, Konono N°1 / Keiji Haïno / Direction survêt.

● Mardi 20 mars, soirée 3X3, Barry Guy, Augusti Fernandez, Ramon Lopez / Joëlle Léandre, Nicole Mitchell, Raymond Strid / Trio enchant(i)er.

● Mercredi 21 mars, soirée métisse, Gilad Atzmon et The orient house ensemble / Abraham Inc.

● Jeudi 22 mars, soirée 3+1=4, Louis Sclavis trio Atlas invite Keyvan Chemirani / Marc Ribot.

● Vendredi 23 mars, soirée blues, Sista Monica / Zac Harmon band, Grady Champion and guests.

● Samedi 24 mars, soirée salsa et majorettes, Pierrick Pédron “Cheerleaders” / Eddie Palmieri et afro caribbean jazz all stars.

Pratique : Centre culturel Charlie-Chaplin, place de la Nation. Tél. 04 72 04 81 18. www.centrecharliechaplin.com Réservations en ligne : www.avaulxjazz.com

Exposition

AVaulxjazzKollection reprend les œuvres de Bruno Théry, l’homme qui se cache depuis des années derrière l’affiche du festival. Elle est présentée du 9 au 24 mars au centre Charlie-Chaplin.