Archives / Journal N°47 - mardi 06 mars 2012

Les Roms condamnés à l’errance

Privés du peu de repères qu’ils avaient pu créer, les Roms ne peuvent compter que sur eux-mêmes et l’appui de quelques citoyens. A la suite de l’incendie qui a détruit le squat qu’ils occupaient chemin du Catupolan, la Ville les avait installés provisoirement dans le gymnase Croizat. “Mais cette situation ne pouvait durer, explique le maire, Bernard Genin. J’ai pris un arrêté de fin d’occupation qui prenait effet à 18h30 le vendredi 24 février. Les villes qui ont à gérer cette détresse humaine, n’ont pas les moyens d’y répondre et c’est à la Préfecture de prendre en charge l’accueil de ces familles”.

Sommés par la police aux frontières (PAF) de quitter le gymnase Croizat le lundi 27 février, les Roms ont d’abord été contraints de passer la journée du 28 février dans la rue, livrés à l’invective de certains habitants, avant de trouver pour quelques heures une solution de repli pour passer au moins une nuit au chaud. Marie Higelin, engagée depuis de nombreuses années dans un combat épuisant pour leur apporter un peu d’humanité, a décidé de ne pas les lâcher mais avoue aussi ses limites : “La police est venue les menacer ce matin pour les obliger à partir du lieu où ils avaient trouver refuge. Hier, ce sont des jeunes qui étaient venus les menacer sur le parking où ils étaient, près de l’église. Donc ils sont partis. Ce n’est pas à moi de les protéger, c’est à la mairie, c’est aux associations, à Médecins du monde”, poursuit-elle.

Ces familles qui font partie de la communauté européenne, stigmatisées, discriminées, ignorent comment sortir de l’impasse. Un vieil homme essaye d’expliquer son désarroi : “En Roumanie, nous n’avons rien, pas un sou, ni nourriture, ni vêtements. Ici, au moins nous avons des habits, de quoi manger. C’est pas bien de nous obliger à repartir”. La détresse mêlée à la résignation se lit sur les visages marqués par une vie d’errance et la peur d’être pourchassés toujours et encore. La fédération du Rhône de la Ligue des droits de l’homme a réagi dans un communiqué appelant “chaque citoyen, dans cette période de démagogie xénophobe, à ne pas laisser les haines discriminantes prendre le dessus sur l’humanisme”.

Ayant interpellé le préfet à plusieurs reprises, Bernard Genin juge toutefois que “cette évacuation ne règle en rien le problème des Roms sur notre ville et sur le département. Ces familles errent d’un squat à l’autre au gré des évènements”. C’est pourquoi, il a réitéré sa demande auprès du représentant de l’Etat, afin qu’il organise une table ronde entre ses services et les maires concernés par cette situation.

Jeanne Paillard

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