Archives / Journal N°35 - mardi 06 septembre 2011

C’est reparti pour une nouvelle saison culturelle

Centre culturel Charlie-Chaplin : quelle programmation et pour qui ?

Eternel sujet de débat que la programmation du centre culturel Charlie Chaplin... A l’occasion du lancement de saison, le 16 septembre, retour sur ses tenants et aboutissants. Au fil d’une discussion imaginaire :

“Non mais franchement, tu me vois moi à Chaplin ? Avec les sièges en velours et tout ? Et tu les comprends toi les résumés du catalogue ?” Michel, physique d’armoire à glace, tutoie les deux mètres et n’adresse pas la parole aux “théâtreux”. Vissé un vendredi soir à ses certitudes, à son demi et au zinc du Grand café de la mairie, il n’en démordra pas : le centre culturel de la place de la Nation, très peu pour lui. Têtu l’animal. Pas autant pourtant que Medhi, qui sirote son verre en ne perdant pas une miette de cette diatribe. Au point de le faire sortir de ses gonds. “Déconne pas Michel. Je les connais un peu aux 5C. Ils m’expliquent souvent que des gens comme toi, on va dire sceptiques, repartent heureux après les spectacles. Récemment c’était un groupe de femmes du Grand Vire qui venaient pourtant de se taper un spectacle avec une femme seule en scène !”, tonne-t-il. Lancé, il estime gonflé d’être sûr de s’ennuyer à un spectacle que l’on n’a justement pas vu. “C’est comme Derrick, y’a des épisodes chiants à mourir et d’autres non. Et au début, tu sais pas !” Merci Laurent, fulgurante remarque. Laurent, habitué du café, a le Schweppes gai et le sens de la formule. “Ouais mais c’est que des mecs pas connus !”, contre Michel, qui n’a pas forcément tort. Mehdi sourit : il attendait l’attaque classique, caressant son contre argument dans le fond de sa besace, prêt à dégainer. “Mais c’est pas pour ça que c’est mauvais ! Et c’est aussi le fruit d’une politique publique de la culture, qui soutient les petites compagnies, qui permet à tous ces artistes de vivre en parallèle des grands médias, tout en donnant accès à l’art au plus grand nombre”, détaille-t-il en soulignant les régulières résidences d’artistes. En ce moment il s’agit de la compagnie de Laurent Vercelletto qui multiplie les rencontres et les actions auprès de la population. Autant d’occasions de séduire de nouveaux publics. De convaincre ceux, comme Michel, qui estiment que le spectacle vivant, “c’est pas pour eux”. “Et quand tu me dis que tu ne connais pas ce qu’on y joue, je te rappelle que cette année seront joués un Shakespeare et deux pièces de Molière, Tartuffe et L’avare”. On est loin de l’austérité du trop méconnu théâtre d’ombre Ouzbek. Medhi ajoutant que l’on retrouvera de la danse hip- hop – la compagnie Stylistik interviendra d’ailleurs dans des établissements scolaires de Vaulx – ainsi que des textes plus contemporains, traitant de sujets qui secouent notre société. “Et alors ?, s’insurge-t-il. On n’est pas obligé d’être déconnecté du monde qui nous entoure”. La programmation comprendra également les habituels spectacles jeune public et de chanson ainsi qu’A Vaulx Jazz, fêtant cette année ses 25 ans. Sans oublier que le centre Charlie-Chaplin, tout en valorisant les savoir faire vaudais, rayonne sur la ville, l’agglomération et même la région Rhône-Alpes. Ce vendredi, Michel ressort un peu sonné du Grand café de la mairie, pas encore prêt à s’abonner mais tout de même à pousser la porte du centre Chaplin le samedi 16 septembre pour en avoir le cœur net. Et découvrir dans le détail cette fameuse saison à l’occasion de son lancement officiel. En plus l’Asvel ne joue pas ce soir là ! Oui, Michel vit en bière et en vert.

Stéphane Legras

Pratique : le vendredi 16 septembre à 19h au Centre culturel Charlie Chaplin, place de la Nation. Renseignements au 04 72 04 8 1 18 ou 04 72 04 81 19. www.centrecharliechaplin.com

Des livres en route

Acquis en 1987, l’ancien bibliobus prend sa retraite mais il était hors de question que le service s’arrête. D’autant plus que le passage de la bibliothèque mobile est très attendu, que ce soit par les seniors, les jeunes enfants ou les familles. Il apporte la magie de la lecture dans les points les plus excentrés de la ville. Alors aujourd’hui, place au nouvel équipement !

Le nouveau bus permettra d’accueillir ces publics dans des conditions optimales et offrira plus d’espace. Des animations pourront ainsi être mises en place au cœur du nouveau véhicule de prêt mobile. Cerise sur le gâteau, le président du Centre national du livre (CNL) a reçu une délégation de la Ville et accordé une subvention spéciale pour l’achat de nouveaux ouvrages, histoire de démarrer sur les chapeaux de roue. “L’investissement représente un coût de 260 000 euros pour la collectivité avec une dotation de l’Etat à hauteur 90 000 euros, expliquent Sylvain Guillot, directeur des Affaires culturelles de la Ville et Laetitia Chenebert, responsable du bibliobus. Au-delà des chiffres, cela va permettre la continuité du service public dans les meilleures conditions. L’ancien bus connaissait des pannes à répétition qui perturbaient les tournées. L’absence de climatisation et de chauffage était difficile pour tous. Les habitants pourront ainsi s’installer à l’intérieur du nouveau bus. Il sera accessible aux handicapés et équipé pour accueillir les seniors. Par dessus tout, il permettra de compléter l’offre des bibliothèques municipales grâce à la proximité et à la médiation culturelle”.

La bibliothèque mobile accueille aussi bien les publics que les collectivités. En 2010, près de 18 000 documents ont été prêtés. A l’intérieur, 4000 références seront à disposition mais attention, plus de 30 000 ouvrages sont stockés dans les fonds pour proposer une variété de choix.

Pour préparer le nouvel équipement dans sa tournée, plus de neufs mois de travaux et de réflexion ont été nécessaires. D’ailleurs une nouvelle signalétique accompagnera le bus et ses arrêts. Cet équipement prendra la route dès le 20 septembre. Et l’ancien bus ? Il sera recyclé et servira au besoin de dépannage à d’autres collectivités.

R.C

Pratique : Le bibliobus est inauguré vendredi 16 septembre lors la présentation de saison du centre culturel Charlie-Chaplin (place de la Nation) à partir de 18 heures. Les bibliothèques fermeront donc leurs portes à 17h30 au lieu de 19h.

Nouveau parcours et nouveaux horaires : Le mardi de 10h à 11h devant l’Hôtel de ville, de 11h10 à 12h10 à La Grappinière et de 16h30 à 18h à Genas-Chénier. Le mercredi, une fois par mois, de 10h30 à 11h30 devant la résidence Croizat (1er arrêt le 12 octobre), de 11h à 12h à Cachin-Les Barges (1er mercredi de chaque mois) ; tous les 15 jours, de 14h30 à 16h à La Balme (1er arrêt le 28 septembre). Le jeudi de 16h30 à 18h au Petit Pont. Le vendredi, tous les 15 jours, de 16h à 18h à Jara (1er arrêt le 30 septembre).

De 16h15 à 18h devant l’école Mistral (1er arrêt le 23 septembre) Le samedi, de 9h30 à 10h30 à l’Ecoin place Toni-Morrison, de 10h40 à 12h devant l’Hôtel de ville.

Les Amphis derrière le rideau

Depuis sa cabine, le projectionniste domine le cinéma Les Amphis. Contrairement aux idées reçues, l’espace n’est pas si exigu. D’ici, la vue sur la salle aux 177 sièges de velours bleu est imprenable. Grâce au dérouleur qui permet aux bobines de défiler et au projecteur qui envoie le film sur la toile, le technicien passe beaucoup de temps dans la cabine. Plus de quatre mille mètres de films défilent à chaque projection. Un film arrive sous forme de quatre à cinq bobines qu’il faut assembler. Le travail demande patience et minutie. Il faut trouver le bon raccord, mais ces choses font partie du métier. Pas toujours évident de tenir le bon bout... La température est élevée : en l’absence de climatisation, les machines chauffent et le thermomètre grimpe très vite. La température dépasse souvent les 35 degrés en fin de projection. Malgré la concurrence directe du multiplexe Pathé à quelques encablures de là, la salle vaudaise garde son public. Il s’agit de cinéphiles et de familles. Sans compter les scolaires de la ville, qui sont presque tous passés là se faire une toile. 9359 entrées ont été enregistrées pour l’année 2010, sans compter celles du festival du film court. Une bonne fréquentation pour un cinéma de quartier dont la programmation se tourne vers deux axes : le cinéma d’auteur et les films d’animation. Deux œuvres sont projetées chaque semaine. Les films grand public y sont proposés avec deux semaines de décalage car, faute d’entrées suffisantes, les distributeurs privilégient les multiplexes. Depuis 1982, date à laquelle la salle a été inaugurée, Azzedine Soltani est resté fidèle au poste. “Le métier a beaucoup évolué grâce à la technologie, pointe le responsable de la salle. Cela apporte des conditions de travail plus confortables. Dans le temps, la personne chargée de la projection devait rester impérativement à côté des machines, parce qu’elles pouvaient prendre feu. Le matériel que nous avons ici date des années 90. Avec l’avancée de la technologie, il est un peu obsolète. Aujourd’hui, l’essentiel des films est projeté en numérique. D’ailleurs, d’ici à fin 2011, nous devons aussi faire le grand saut. C’est impératif ! Mais c’est tout un savoir-faire et un métier qui disparaîtront. Notre boulot sera davantage un travail d’informaticien”.

Le passage au numérique, une nécessité pour le petit cinéma de quartier. Pourtant, il ne se fera pas sans un pincement au cœur. Mais avec l’arrivée de la 3D dans les salles, le cinéma municipal ne pouvait plus rester à la traîne. Fini les bobines à assembler et à nettoyer. Les films arriveront non plus par caisses mais par fichiers numériques. Les temps changent mais la magie du cinéma reste la même.

Rochdi Chaabnia

Se projeter dans le futur

Le cinéma se prépare à basculer 60% de sa diffusion en numérique, comme quelque 5000 écrans en France. Les travaux se feront en trois étapes. Avec dans un premier temps, une mise aux normes de l’infrastructure. Une fenêtre de projection et l’installation de la climatisation dans la cabine du projectionniste seront indispensables. Dans un second temps, l’installation du réseau de la salle puis celle d’un écran pour la 3D active. Sans oublier bien sûr, l’achat de lunettes. L’investissement est estimé à près de 120 000 euros TTC. La part de la Ville sera de 15 000 euros, le reste est pris en charge par la Région et le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) à hauteur de 105 000 euros. “Ce que nous faisons dans les quartiers Nord permet de renforcer l‘offre culturelle dans le secteur, souligne Nassredine Hassani, conseiller municipal délégué à la Culture. Avec le théâtre de verdure, nous poursuivons une dynamique initiée depuis 2009 entre la Grappinière et le Village”. Les travaux ont débuté fin août mais le cinéma restera ouvert au public.

Pratique : cinéma les Amphis, rue Pierre-Cot. Tél. 04 78 79 17 29. Plein tarif : 4,60 euros. Réduit (- de 18 ans/ + de 60 ans/ chômeurs) : 4 euros. Enfants (- de 13 ans) : 3,30 euros. Abonnement 5 films : 20 euros. Le programme sur www.vaulx-en-velin.com

Biennale d'art contemporain : usine Tase, l’art en pleine face

L’usine Tase est un lieu coup de cœur. Le parti prix de la biennale a été d’investir ce site et d’affirmer ainsi l’ouverture à des territoires décentrés, déjà engagée par le projet Veduta (1). En 2009, Vaulx-en-Velin avait accueilli une expo à Charlie-Chaplin et l’artiste Eko Nugroho, créateur d’une œuvre conçue avec des habitants. En 2011, les liens se renforcent. “C’est une énorme satisfaction de participer à la dynamique culturelle et artistique de l’agglomération, de voir s’atténuer les frontières entre les territoires. Nous cueillons les fruits de plusieurs années de travail avec les acteurs de la biennale, décrit Nassredine Hassani, élu à la Culture. La pré ouverture de l’évènement s’est faite en juillet au Grand parc, l’usine va être sous les feux des projecteurs en recevant des œuvres de la création mondiale, les médiateurs de Veduta vont partout dans la ville pour créer des passerelles, décomplexer le public, tout en lui donnant des clés”, souligne l’élu.

Le kiosque comme lieu de rendez-vous. “Veduta, c’est une sorte d’éclaireur”, dit Abdelkader Damani. Une invitation à ressentir, être dans le plaisir ou le déplaisir. Une façon de dire que l’art n’est pas l’apanage d’un public averti. Veduta, c’est la biennale près des gens. En multipliant les formes d’action, en proposant des expériences inédites autour de l'art contemporain, l’idée, c’est déjà d’aller à sa rencontre, le regarder. Dans cette optique, la friche Tase héberge un kiosque, un lieu de vie modulable conçu par des élèves de l’école nationale d’architecture de Vaulx, qui marquera l’entrée de la biennale et abritera différents évènements. A partir du 15 septembre, il accueillera des manifestations autour de quatre thèmes inspirés de la “terrible beauté” : le patrimoine, avec un programme de musique actuelle confié à Damien Pousset, le 17 septembre ; la culture urbaine, avec une proposition de Rudy Bwoy (Fedevo) le 1er octobre ; la théâtralité, avec le musée Beckett mis en scène par Claire Truche (Nième Compagnie) et présenté par des Vaudais, le 15 octobre ; la littérature, la poésie, le 29 octobre. Chaque journée sera clôturée par la projection d’un film choisi par le directeur de l’Institut Lumière. F.M

www.labiennaledelyon.com

(1) Depuis 2007, la biennale de Lyon est dotée d’un dispositif d’expérimentation et de recherche, nommé Veduta, qui examine la relation entre art et territoire et qui ouvre des perspectives sur le Grand-Lyon et ses territoires en devenir. Veduta est un mot italien qui, dans son sens premier, signifie “vue”. Ce terme apparaît dans l’histoire de l’art chez les peintres italiens de la Renaissance pour qualifier une fenêtre placée à l’intérieur de la scène d’un tableau ouvrant la perspective sur un paysage naturel ou urbain.

(2) extrait du poème Pâques, 1916 de W.B. Yeats.

A vos plumes !

L’art est divers et parfois littéraire. En parallèle de la biennale, un concours de nouvelles, organisé avec le TNP de Villeurbanne et Télérama, est ouvert à tous. Il reprend le thème de la manifestation – “Une terrible beauté est née”, selon le poème de Yeats – et sera annoncé dans un numéro de rentrée du magazine. Les textes devront donc être obligatoirement titrés “Une terrible beauté est née”, être rédigés en français et faire 2011 signes. Précisément. Les six meilleures nouvelles seront récompensées lors d’une soirée au TNP, le 13 décembre et seront lues par des comédiens du théâtre. Les trois premières seront publiées dans le numéro du 7 décembre de Télérama. Toutes les nouvelles reçues seront publiées sur le site Internet de la biennale. Plus de renseignements sont disponibles auprès des bibliothèques de Vaulx (informations au 04 72 97 03 50) dont des agents seront membres du jury.

Pratique : envoyez votre manuscrit entre le 15 septembre et le 15 octobre, accompagné de vos coordonnées complètes (nom, prénom, adresse, âge, e-mail) à : nouvelles@labiennaledelyon.com

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